Le Gouvernement est en « phase finale » de l’adoption de son projet de réforme des retraites.
Certains critiquent la méthode qualifiée de « brutale » ou « sans concertation ».
Certains s’opposent aux solutions retenues par le Gouvernement pour le financement du système.
Pourtant le constat est globalement partagé : les modalités actuelles de financement ne sont pas viables. Elles induisent : pour certains des retraites trop faibles, pour l’assurance vieillesse un déficit important, et ces situations vont aller en s’aggravant du fait même de la démographie actuelle et de l’emploi.
Le Gouvernement renvoie régulièrement la cause de la situation actuelle au refus des gouvernements précédents « de gauche » d’avoir engagé la réforme, nécessaire. Il est vrai qu’Alain JUPPE, dans un précédent gouvernement de droite, avait essayé, mais sans succès du fait d’un manque de volonté politique, haut plus haut niveau de l’Etat.
Mais en revenant encore en arrière, les difficultés du système pourraient aussi être imputées à ceux qui l’ont mis en place : les gouvernements de droite des années soixante. Il est vrai que la conjoncture était alors nettement plus favorable, et que dans ces conditions, le système trouvait son équilibre. Mais il était basé sur une hypothèse forte et très risquée, comme on peut maintenant le constater : le volume de l’emploi serait toujours croissant et au moins 4 à 5 fois supérieur au volume des retraités. Il est alors possible de ponctionner raisonnablement les actifs pour distribuer la ressource générée aux retraités. Malheureusement, à court terme, le nombre de retraités représentera près de 50% des actifs. Ce qui veut dire que chaque actif devra porter le financement d’une demi-retraite. Dans une telle situation, quel que soit le mode de calcul, soit les retraites diminuent, soit les actifs seront écrasés sous le poids des prélèvements. Pour ceux qui veulent prélever ailleurs (entreprises …), cela revient au même puisque c’est toujours la production de richesse qui est à terme imposée. La seule différence concerne le mode de répartition de ce prélèvement.
En analysant plus en avant les cause de cette difficulté, il apparaît que la production de richesse en France progresse moins vite que les besoins de redistribution induits par tous les systèmes sociaux (chomage, RMI, retraites …). L’origine est complexe et est difficile à synthétiser. Cependant, certains éléments peuvent être soulignés :
- L’évaluation du niveau de vie par la consommation. Cette méthode de calcul a longtemps facilité le développement économique, construit sur une augmentation toujours plus forte de la production alimentée par une consommation croissance. Il est maintenant mis à mal à la fois par la prise de conscience de la limitation des ressources et les problèmes rencontrés par le commerce mondial. Pour autant aucun parti politique ne souhaite le remettre en cause, car il a été le fondement de tout discours politique depuis de nombreuses années.
- Le développement par la consommation. Ce principe économique a aussi induit toute une série d’autres politiques qui ont visé au soutien de la consommation, allant jusqu’à favoriser un niveau d’endettement (personnel et étatique) au détriment de l’épargne. Toutes ces politiques ont des effets à retardement dont nous mesurons maintenant l’ampleur. En l’absence de réserves, les acteurs subissent de plein fouet les différentes crises du système. Pour les retraités, c’est l’absence d’épargne qui induit la situation actuelle. Après avoir consommé toute leur vie durant les produits de leur travail (pour soutenir la croissance), ils ne disposent plus de moyens pour subvenir à leurs besoins de fin de vie.
Actuellement le système est tellement mal en point que toute réforme à la mesure des enjeux aura un impact significatif sur le niveau de vie des retraités actuels et à venir. Le nier, c’est se voiler la face. Mais les méthodes d’adoption du système retenues par le Gouvernement sont archaïques à l’heure de la gouvernance à « 5 Collèges » du Grenelle de l’Environnement.