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Semaine 41 : Sufjan Stevens - The Age Of Adz [Asthmatic Kitty]
Publié le 19 octobre 2010 par EarsofpandaIl aura fallu 5 ans pour avoir un successeur à l’intemporel Illinois, un album qui aura marqué de nombreuses personnes dont Panda Panda qui ne se lasse toujours pas de cette œuvre ambitieuse et parfaite. Le mot peut paraitre fort mais parfait est bel et bien l’adjectif qui correspond le mieux au 5ème album de l’artiste originaire de Détroit. Dire que l’attente fut longue pour écouter son successeur est un euphémisme. Pourtant, ce compositeur talentueux et prolifique n’a pas passé son temps à se tourner les pouces. Entre les chutes de studio de Illinois paru un an après (The Avalanches) contenant quelques perles ainsi que les cinq premiers volumes de chansons de noël où l’on retrouvait l’indispensable volume 5 contenant les magnifiques Sister Winter et Star Of Wonder. Et puis ce fut le silence radio pendant deux ans. Seuls quelques interviews où le jeune homme se questionnait sur sa condition d’artiste et sur la nécessité de faire des chansons et qui provoqua quelques émois quand à un possible arrêt définitif. Les nouvelles se firent rare entre l’apparition surprise du volume 8 des chansons de noël (destiné seulement à des proches, les volumes 6 et 7 étant toujours inconnu du public) et The BQE premier vrai projet de Sufjan Stevens depuis Illinois. Si le volume 8 m’avait réjouit laissant entrevoir la suite des événements avec une place prépondérante pour l’électro, The BQE fut une douche plutôt froide. Instrumental de bout en bout destiné à illustré un film réalisé par ses soins, le tout manquait finalement de mélodies marquantes. Et puis finalement Août 2010 fut la libération avec l’apparition d’un EP annonçant l’arrivée imminente d’un nouvel album. Un Ep de 60 minutes (Ha oui quand même) où l’on trouve à boire et à manger, peut être trop long, pas assez de mélodies marquantes… Enfin, Age Of Adz arriva alors qu’on ne l’attendait plus vraiment, comme un vieil ami qu’on n’avait pas vu depuis des lustres.
Les retrouvailles ont finalement un goût de nostalgie, malgré la réverbération sur sa voix, la guitare douce et les quelques notes de piano parsemées ici et là sur Futile Devices ont un effet dévastateur sur l’auditeur. C’est beau. Tout simplement. C’est d’une pureté et d’une justesse comme il l’avait si bien fait auparavant. On pense à quelques ballades d’il ya quelques années qui nous avait déchiré le cœur à l’époque, To Be Alone With You ou The Dress Looks Nice On You viennent nous rappeler à quel point le compositeur est capable de nous dévaster avec simplement quelques notes. Too Much, second titre de l’album est son contraire. Composés d’une multitude de bruits et de sons électroniques dans un ensemble qui peut faire penser à un joyeux bordel, révèle une complexité de la composition qu’on avait pas encore vu chez lui, 10 ans après ses débuts. Malgré cela, le titre ne déçoit pas, loin de là, la voix aidant, répétant inlassablement les mêmes mots (« There’s too much… ») sur une mélodie des plus simples, le beau gosse de l’indie pop vient nous remémorer son Illinois avec instruments à cordes et à vent à l’appui.
La suite de l’album penche sérieusement du côté de l’électro plutôt que du folk intimiste. Mais on est loin ici d’un électro bête et méchant. Le travail fourni par Sufjan Stevens est titanesque. La structure des morceaux rarement simple brasse un mélange des genres. Pop, folk, électro, classique font union pour formé un tout jamais entendu jusque là dans l’histoire de la musique. Une sorte de symphonie classique du futur en somme. Au fil des minutes, il n’est pas rare que les compositions se déstructurent pour former quelque chose de nouveau ainsi Age Of Adz débutant sur des cuivres aussi menaçant que les grondements d’un orage et de flûtes ( ?) épileptiques comme pourrait être le chant d’oiseaux affolées laisse place aux chœurs apaisés et à la délicatesse du piano.
Si Illinois était ambitieux dans la force de son orchestration et de ses arrangements, The Age Of Adz l’est encore plus, auquel on rajoute la prise de risque totale dont fait preuve Sufjan Stevens dans la réinvention de son style sans perdre pour autant son identité. Là où il fait encore très fort c’est aussi dans les mélodies qu’elles soient tristes ou enjouées, on adhère à toutes au point de reprendre en chœur les chants accrocheurs et addictifs du chanteur. Et puis comment ne pas parler de Impossible soul titre qui clôture en beauté l’album. Long de 25 minutes (sans coupures), la chanson compte au moins cinq segments différents s’enchainant le plus naturellement du monde. Si les deux premières parties sont de toute beauté , c’est peut être les moins intéressantes. Il faut attendre dix minutes pour être réellement subjugué. Les frissons font alors leur apparitions, l’auto-tune qui est loin d’être mon invention favorite sied pourtant comme un gant au chanteur suivi par quelques notes de piano troublantes. Et arrive ce final libérateur, jouissif, laissant un grand sourire béat à la place des larmes. Cordes, cuivres, chœurs, machines… Tous se retrouvent dans cette conclusion festive où il ne manque plus que les feux d’artifices. Une fin qui laisse croire que l’artiste est finalement complètement décomplexé, débarrassé des règles de la musique en faisant ce que bon lui semble. Les dernières minutes ferment la boucle. Seul avec un banjo et une guitare, le compositeur nous remémore les débuts du disque et le fantastique Futile Devices. Répétant sans cesse les mêmes paroles : “Boy we can do much more together”... Oui, on espère qu’il pourra faire beaucoup plus mais la tâche semble particulièrement ardu après deux efforts finalement très différents mais tous deux aussi réussi car ne nous trompons pas, notre vieil ami touche une nouvelle fois la perfection du bout de ses doigts.
sortie le : 11 octobre 2010
5 titres en écoute à droite.
Myspace
Pour :
Esprits critiques
Mowno
So Why One More Music Blog?
Derrière la fenêtre
Branche ton sonotone
Contre :
Hop
Des chibres et des lettres