Bonsoir à tous,
J’ai emporté un livre pour les vacances.
De chez Gallimard.
De la déjà célèbre romancière anglaise Zadie Smith.
De la beauté.
C’est le titre du livre.
Après il faut un silence. Il faut, avec moi, que vous restiez un instant silencieux, car vous saluez, avec moi, Kiki Belsey.
Victoria Kipps, celle qui a un beau cul, dit d’elle que c’est « une reine africaine ». Oui, et plus que ça.
Son mari, Howard, est un peu lâche, un peu stupide, un peu pédant, tout à fait à gauche (autant qu’un anglais qui vit aux Etats-Unis peut l’être), tout à fait insupportable, tout à fait de mauvaise foi, tout à fait perdu quand elle n’est pas là, et elle doit faire avec, sans compter la cinquantaine et les kilos qui vont avec et trois enfants pas si bien élevés que ça. Mais elle est là, elle tient la route, elle fait ses choix, elle est américaine, noire, elle aime son chien, elle ne s’intéresse pas à la politique, encore moins au job de son mari, elle aime pas lire, elle aime pas faire le ménage, elle aime pas les mecs qui trompent leur femme avec une amie de trente ans, mais elle n’est pas du genre à s’en aller, en claquant la porte et en embarquant les mômes. Non, faut qu’il assume toute sa merde, Howard.
Elle est grandiose.
Zadie Smith, c’est une langue classique.
Mais elle n’en est qu’à ses premiers romans et la modernité, on la trouve dans les personnages, notamment dans Kiki Belsey. Carlene Kipps, c’est l’aristo tout droit sortie du XIXème, elle sait que son mari la trompe, elle sait qu’il ment sur tout, qu’il travestit tout, qu’il est habité par la réussite sociale, c’est un salaud et son fils Michael s’apprête à suivre la lignée de salauds, Victoria, sa fille, belle et fragile, joue à la traînée. Tout ce que voit Carlene, elle se le cache et préfère mourir en silence. Kiki, elle crie. Howard l’a trompée, elle ne le gardera pas pour elle. Howard est à fond pour la discrimination positive. Elle ne l’adule pas pour autant. Elle peut même se permettre d’être circonspecte sur tout ça. Howard. C’était un ami, c’est devenu un amant, puis un mari, puis un père, puis un menteur, un gros connard, un étranger ? Il a vieilli. Il flippe. Est-ce que c’est beau un homme qui flippe ? Est-ce que le temps efface peu à peu le désir ? Ou est-ce que ce qui nous a uni voilà trente ans peut être ravivé, est-ce que ça s’est éteint, vraiment ? Comment on fait pour aimer malgré les accrocs de la vie ?
Y’a pas de pipi, y’a pas de caca, il n’y a que des gens qui essaient de se débrouiller ou pas avec ce qu’ils ont.
Zadie Smith a étudié ses classiques à Cambridge (plutôt que de leur cracher dessus). Comment comprendre la politique du XXIème siècle sans rien connaître du XXème ? Comment espérer être une voix moderne de la littérature du XXIème en méprisant celles du XIXème ou du début du XXème ?
Voilà, chers tous, @+Publié par les diablotins