Ceux-là sont devenus au fil des années - ils sévissent quand même depuis le début des années 2000 - une référence incontournable de la scène rock indépendant. Plus arty que l'un des autres groupes majeurs apparus cette dernière décennie, les canadiens de Arcade Fire, ils entraînent aussi dans leur sillon une quantité grandissante de suiveurs - loin d'être toujours à la hauteur, il faut bien le reconnaître (la chillwave?). La musique de ce collectif de bobos new-yorkais n'est en effet pas facile d'accès, elle ne se laisse pas facilement apprivoiser. D'ailleurs, maman n'aime pas et je dois donc écouter la plupart du temps leurs disques en cachette. Car les mélodies ne sautent pas immédiatement aux oreilles. Elles sont triturées dans tous les sens, accompagnées de cris d'animaux - la marque de fabrique du groupe, normal, ils s'appellent Animal Collective ! - font les montagnes russes. "Strawberry Jam" est pour moi, à ce jour, leur chef d'oeuvre, quoiqu'en pense Pitchfork, le célèbre webzine américain qui a grandement participé à leur reconnaissance. Parce que tout en gardant leur son si caractéristique, ils ont su alors le débarrasser du superflu, aller à l'essentiel, contrairement aux albums précédents souvent trop brouillons. Leur dernier en date, "Merriweather Post Pavillion", plus consensuel - toute proportion gardée, bien sûr, on n'est pas encore chez U2 non plus - a un peu perdu de ce qui faisait leur originalité. On n'y retrouve plus cette sauvagerie, cette agressivité limite repoussante, mais qui, une fois qu'on a réussi à passer outre, est finalement ce qui nous incite à revenir. "Cuckoo Cuckoo", par exemple, est un morceau qui provoque cette montée d'adrénaline là. Et puis, que dire de l'exceptionnel dyptique "For Reverend Green"/"Fireworks", sommet incontestable de cet album, qui me donne la chair de poule à chaque écoute !
Bref, Animal Collective a donc réussi à se créer une identité immédiatement reconnaissable, même si, en tant que brouilleuse de pistes patentée, la formation essaie de se renouveler à chaque fois. Et puis, il y a aussi les disques solos des membres du groupe : Panda Bear, tout d'abord déjà responsable de l'excellent "Person Pitch" et dont on attend une nouvelle livraison pour l'année prochaine; Avey Tare, ensuite, dont le premier album sortira le 25 octobre, c'est-à-dire dans seulement une semaine. Impossible en tout cas de citer une influence plutôt qu'une autre en parlant de leur musique. Certains évoquent des Beach Boys sous acides. Mais c'est incroyablement réducteur. On pourrait tout aussi bien les rapprocher des Stooges pour la rage toute animale. Une chose est sûre, après l'écoute de "Strawberry Jam", la plupart des autres disques paraissent subitement fades. Synonyme qu'on tient assurément là de la bonne confiote !
Clip de "Peacebone" :
Clip de "Fireworks" :