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« Vous allez rencontrer un bel et sombre inconnu » ou Woody Allen au régime shakespearien

Publié le 19 octobre 2010 par Sheumas

   Ce titre accrocheur souligne l’un des motifs du dernier film de Woody Allen : celui de l’influence des astres... Comme toujours dans son univers, le réalisateur américain n’est pas tendre avec ces marchands d’existence dont l’unique préoccupation est de leurrer les gens et d’exploiter leur absolu besoin de donner un sens à ce qui n’en a pas...

   Dès le début du film, le spectateur est averti par le biais de la froide tirade de Macbeth : « la vie est un conte plein de bruit et de fureur et qui ne signifie rien... ». Le « conte » servi par Woody Allen est d’ailleurs encadré de part et d’autre par cette citation.

   Ainsi, les personnages du film sont vus comme ces « pantins » stigmatisés par Shakespeare dans sa fameuse tragédie. Des histrions sans consistance qui essaient de se rattacher à un sens quelconque, des menteurs, des tricheurs, des amis malhonnêtes à l’affut de cette « vapeur qu’on appelle la gloire » (Ainsi, après avoir lu le manuscrit du beau roman d’un ami, un auteur qui n’arrive pas à trouver l’inspiration apprend la mort tragique de l’ami en question et s’empare aussitôt de l’œuvre qu’il fait publier sous son nom...)

   Mais le plus dérisoire, ce sont ces spectres, ces marionettes qui guerroient contre la montée du grand âge... Ainsi ce vieux couple qui se déchire (Anthony Hopkins en galant tenace, en sportif mécanique...). Dans un plateau de la balance, elle s’étourdit chez une voyante (j’aime le mot anglais « fortune taler »), s’amourache d’un veuf inconsolable qui lui oppose une morte pour rivale, dans l’autre, un sexagénaire toujours vert qui cherche, à coup de jogging et de boites de Viagra, à tenir la cadence d’une bimbo type « maudite Aphrodite ». Pas de miracle pour le papy qui fait de la résistance mais qui s’ennuie en discothèque et programme, à la minute près, le temps de son érection pendant que mademoiselle prend des pauses inutilement lascives... « Dis à madame qu’il n’est pas nécessaire de se maquiller, à cette fin elle aussi devra arriver » : « to that end, she must come » (Hamlet, Shakespeare)

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