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Chère Juliette

Par Janehawkins

Avez-vous vue le film « Lettres à Juliette »??

Des filles viennent de partout pour laisser des lettres à Juliette sur un mur à Verona, Italie où la Juliette de Roméo à supposément habité. D’abord le film est nul. MAIS j’ai aimé l’idée… ce genre de courrier du cœur. Une bouteille à la mer qu’on lance désespérément… et bien voici MA lettre à Juliette… elle est longue, je sais… mais si vous la lisez au complet… vous êtes courageux.

Chère Juliette

Chère Juliette,

La première fois que j’ai vue mon ami le Français, c’était un dimanche. À l’époque, l’église Chrétienne où mon père était assistant pasteur était située dans un local minable et froid au sous-sol d’une bâtisse tout aussi minable en plus d’être turquoise, impossible de la manquée.

Il était assit dans les marches, le manteau en cuir ouvert, la tête entre les mains, visiblement vulnérable. J’avais longé le mur blanc glacé et je l’avais observé. Je me souviens de l’éco des chants et que je m’étais caché derrière les grandes portes. Lorsqu’il a levé la tête, il m’a sourit doucement. C’était difficile de ne pas remarquer son accent prononcé lorsqu’il m’a salué. Instantanément, il m’a intrigué. Quelque chose en lui, venait me chercher… Il s’est levé et j’ai contemplé sa grandeur. C’est le premier adulte que j’ai trouvé beau.

Pour moi, la petite Jane de huit ans, désespérée et blessée, j’ai ressentie immédiatement un lien avec cet homme. Sa beauté, c’était celle qu’il faisait naître à l’intérieur de moi, c’était aussi celle qui émanait de sa voix et son parfum.

Soudainement, les dimanches furent anticiper. Vite, il devient un ami de la famille. J’adorais ses visites… encore plus lorsqu’il nous prenait les quatre filles avec lui pour partir à l’aventure. Il nous a fait découvrir des endroits que je n’aurais jamais découvert s’il n’était pas entré dans notre vie. Une fois, on c’était arrêter sur le bord de la route pour cueillir des fleurs j’avais marché dans la bouse de vache, c’était trop marrant. On rigolait bien. Il nous apprenait des mots comme rhododendron et bidonner. J’ai mangé ma première fondue au chocolat dans son appartement fraîchement peinturé qu’il partageait avec sa copine du moment. Une femme douce qui travaillait avec mes deux grandes sœurs dans un atelier de céramique.

Il nourrissait vraiment mon côté curieux, spontané et aventurier. Avec lui, j’avais l’impression d’être en famille, d’être « home ». Enfin, un adulte qui me voyait comme une enfant. Qui ne me blessait pas. Qui m’aimait, même peut-être.

Oh Juliette, je ne sais pas quels problèmes il avait à l’époque, ni pourquoi il est partit. Un jour comme ça, un gros camion c’est arrêter à la maison, j’étais toute exciter, une livraison pour nous les enfants Hawkins.

C’était une grosse boîte, pour une enfant de mon âge et mon gabarit, énorme, mais elle était tellement légère. C’est mon père qui a ouvert la boîte et parfois je me dis qu’il devait jubiler lorsqu’il a lu le message d’adieu du Français. Enfin, le Français avait suivit ses conseils et s’en était aller, il n’y avait plus de danger, jamais ses filles ne se confieraient à lui. Elles garderont le secret encore quelques années, s’était-il dit, surement.

Mon père avait sortit de la boîte un ours polaire en peluche… mince compensation pour toutes ces larmes que j’ai versées les jours qui ont suivit, blottie dans mon lit. Mince compensation pour le sentiment de solitude et d’abandon qui m’a habité pendant très longtemps. J’avais tellement besoin de cet adulte, de la sécurité que je ressentais lorsqu’il était à proximité.

Puis, j’ai refoulée. Surtout parce que mon père m’a fait comprendre que jamais il ne reviendrait, que c’était supposément pour le mieux. Et quelques années plus tard, il me dira que le Français était bizarre de toute façon… Mais secrètement Juliette, je rêvais qu’il revienne pour moi, qu’il m’emmener loin d’ici, qu’il m’adopte comme dans ses blagues.

Après avoir rompu avec sa copine, il avait habité une chambre dans un manoir. Il était venu nous chercher presque toute la famille (un exploit puisqu’on était sept!). Ce manoir était vraiment très chique… très… à son image. C’est la deuxième fois qu’il plaisantait qu’un jour ça serait bien d’être réunit ici, telle une famille. La première fois, c’était lors de cette escapade où j’ai marché dans la bouse… Juliette, j’avais seulement huit ans, j’en rêvais de quitter ma famille… mon père surtout pour un père comme lui. Je m’étais accrochée à cette espoir. Je m’en ai voulu longtemps.

À l’adolescence, ma mère arrive excité d’une réunion dans une église de Montréal. « Jane! Jane! J’ai vue le Français! » Ce devait être la semaine qui avait suivit que j’ai accepté à contre coeur de remettre les pieds dans une église. C’était un moment difficile pour moi, très émouvant, je n’avais pas mis les pieds dans une église depuis le dévoilement, mon séjour en famille d’accueil, la crise du verglas, la condamnation de mon père, mon entrée au secondaire… bref, beaucoup de chose avait changé depuis son départ. Je n’étais plus la même. Je n’avais plus la même énergie. J’avais le coeur en mille miettes et je ne comprenais absolument rien du monde qui m’entourait.

Lui, Juliette, il n’avait pas changer. Toujours le même parfum, la même voix, le même humour qui parfois m’échappait, la même bienveillance que dans l’temps. J’étais contente mais craintive. Tellement de choses s’étaient ajoutés à ma souffrance.

Je ne me souviens plus pourquoi il n’a plus donné de ses nouvelles après tous ces beaux moments. J’aimais qu’il me parlât, même si je ne savais pas toujours quoi répondre. J’aimais l’entendre me parler, me demander mon avis. Il m’envoyait des lettres avec des messages que j’aurais aimé comprendre plus tôt, ces lettres était parfois accompagnées de photos rigolotes qu’il avait prit dans un photoboot.


Je n’ai jamais compris pourquoi alors qu’il m’avait dit un jour qu’il m’avait emmener à la bakery du coin, qu’il m’aimait beaucoup, que l’idée que les gens me prenne pour sa fille… il adorait. Je n’ai jamais compris pourquoi toujours sans préavis, il prenait le large.

Je crois que c’est là que j’ai fermé mon cœur à double tour, c’est là que j’ai perdue totalement le peu de confiance qu’il me restait envers les adultes. J’étais désormais « on my own ».Que je me suis dit que toutes ces mésaventures, ces départs, c’était la vie qui confirmait que je ne valait rien. Que personne ne m’aimait, que personne ne voulait de moi.

Juliette, je pleures à repensée à se que je ressentais. Ce néant que je n’ai jamais pu exprimer. J’aurais aimé qu’un adulte me brasse, ne me laisse pas tomber… voit à travers mon mur d’indifférence combien j’avais besoin de quelqu’un. D’un adulte. D’amour. Un guide. Quelqu’un qui m’aurait dit « Non Jane, fais pas ça! C’est pas bien, c’est dangereux. » et qui me l’aurait répété tant et aussi longtemps que je n’aurais pas saisit. Malheureusement, le sors est tombé sur ce Français. C’est à lui que j’en ai voulu pour tous ces adultes qui m’ont laissé tombé.


Je me suis mise à l’haïr et à le trouvé bizarre, comme mon père m’avait enseigné autrefois. Puis, lorsque j’eus 16 ans, ma mère m’a informé qu’elle l’avait revue. Je n’ai pas réagit. Je m’étais dit « What the fuck? » et surement que j’avais raconté à mon amie qu’il était mort du Sida juste pour oublier ma souffrance et parce que je lui en voulais. J’aimais croire ça que de croire qu’il allait encore me laisser tomber.


À dix-neuf ans, lorsque j’ai repris contacte avec mon père qui en 2003 habitait dans la même ville que le Français, je m’étais dit « Why not? ». Peu de temps avant, ma mère l’avait rencontré à l’église et je m’étais dit que je lui donnerais une chance. Peut-être que c’était moi qui se faisait trop d’attentes à l’époque, etc. Donc, je suis en visite chez mon père… j’ai à peine 19 ans, c’est ma première fois toute seule hors de la ville, mon père travaillant dans la journée, je n’avais jamais pris le métro, j’ignorais où aller etc…


Mauvais timing, de toute façon… bien sur, il voulait que je viennes, il était content mais il ne pouvait venir me chercher car je crois que ce w-e là il faisait une vente de garage avec sa femme, il me suggérait de prendre le métro et moi, je n’avais pas oser lui dire que j’étais pas à l’aise avec l’idée, c’était ma première fois Juliette, avais-je le droit de me sentir plongée dans l’insécurité???  Et puis, j’étais dans une phase égoïste, après tous ces abandons je m’étais dit que je méritais qu’il vienne me chercher… alors j’ai fini par ne pas rappeler, ne pas y’aller…


En 2005, lorsque mon fils est né, j’aurais voulu lui envoyer un petit faire part. J’avais demander à ma mère de lui téléphoner car j’avais honte de comment j’avais agit la dernière fois. Je n’ai finalement jamais envoyer le faire part… je me sentais ridicule de lui envoyer puisque dans le fond, je n’étais pas si importante pour lui. Et de toute façon, j’avais rien de bon à lui dire étant donné la situation que j’étais. J’aurais eue encore plus honte s’il avait rencontré Forrest, s’il aurait vue le pétrin que j’étais…


Puis depuis, j’avais réussit à ne plus espéré. J’avais réussit à me dire « c’est plate, mais c’est comme ça ». Je l’ai mis dans la catégorie des adultes décevants de mon enfance. C’était fini ce temps-là, j’avais plus d’énergie à investir dans quelconque relation, lui ou n’importe qui d’autre…


Et voilà… quelques jours avant mon anniversaire… surprise… il réapparait. « Et là… c’est pour de vrai?? » que je me demande.

J’ai craqué… oh Juliette, j’ai tellement craqué. J’étais en crise. Ce n’était pas beau à voir. J’avais le cœur en bouillie… j’étais redevenue la petite Jane abandonnée, blessée, avec tant d’attentes envers les grands. J’étais aussi tellement mélangée. J’étais rendue incontrôlable, je pleurais et je me parlais à voix haute pour me réconforter.
 

Par chance, mon garçon n’était pas à la maison. Pauvre petit, si y’aurait été là, il aurait cru que sa maman perdait la boule. Et puis, c’est vrai… je perdais la boule. C’est seulement quelques jours plus tard que j’en ai parlé à ma sœur Kora, le temps que la bouillie refroidisse, que je vois un peu plus clair, que la grande Jane revienne. Bref, j’ai ignorée totalement son courriel, le temps que je digère et guérisse des vieilles blessures et que je fasse le deuil de ne pas avoir été « sauvée » enfant.

Enfin, j’avais recommencé à voir le bon côté des choses. Surement qu’il était impuissant, ce n’était pas à lui de remplir le rôle que je fantasmait, j’ai passée de bons moments lorsqu’on était amis, j’étais reconnaissante envers la vie de l’avoir rencontré. Je me disais que maintenant que j’allais bien, que j’avais avancé avec toutes les thérapies que j’ai eue, tout le parcours que je compte faire, etc que je saurais l’accueillir, entretenir une amitié, etc

Je laisse encore le temps s’écouler, quelques jours à peine, pour être certaine de ma décision. Je me convainc aussi que fiston aimerait bien le Français autant que je l’ai aimé petite. Je lui envoie donc un courriel, quelques phrases mais chaleureuse.

Une journée s’écoule, une semaine… puis un mois… un mois et demi… et je suis toujours sans nouvelle…


Aaaah, si tu savais comment je me sens idiote d’avoir fait tout ce chemin et avoir encore espéré construire quelque chose alors que je sais pertinemment que lorsque ça n’a pas fonctionné dans le passé, ça ne fonctionnera pas dans le présent ni dans le futur… Que finalement, c’est nous qui changent et pas eux. Je le savais. Mais j’avais décidé d’aller sur un chemin différent… vers l’ouverture et « l’amour » inconditionnel. J’étais prête.


Entk, je sais que la vie m’a envoyé cette épreuve pour que je puisse travaillé sur les vieilles blessures latentes que je refoulais depuis tellement longtemps… mais dit Juliette… maintenant, que dois-je en tiré???


-Jane

xoxo


Y’a-t-il une Juliette parmi vous, qui pourrait me répondre, SVP???


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