Nécessité de s'organiser pour gagner
Nous sommes un certain nombre à avoir l'expérience des luttes, des manifestations et des grèves. Le mouvement social prend de l'ampleur et s'oriente vers des actions de grève reconductible. Beaucoup de salariés estiment qu'il faut durcir le mouvement. Durcir oui, l'élargir aussi. L'autoritarisme et l'intransigeance du pouvoir conduisent vers un affrontement dont la nature semble devenir de plus en plus politique. Non pas au sens traditionnel du terme, car les partis politiques paraissent quelque peu dépassés , aucun d'entre eux ne souhaitait la radicalisation du mouvement espérant avec les principales directions syndicales contenir et canaliser une colère qui risque de mettre en cause le système, espérant récupérer la mobilisation pour les prochaines élections présidentielles.
Or des milliers de salariés, voire des dizaines de milliers refusent ce scénario. Ce qui est en train de mûrir c'est l'expression d'une immense colère non seulement contre la politique du pouvoir sur les retraites, mais sur l'ensemble de sa politique qui n'est autre que l'application de la phénoménale regression que la crise du capitalisme impose aux peuples.
Lorsqu'avec d'autres nous avons dit, il y a quelques mois, que ce qui se préparait était d'une nature bien plus profonde que les mouvements classiques de ces dernières années, certains nous ont ri au nez. Aujourd'hui ils sont plus prudents.
Ce mouvement peut être mis en échec si le pouvoir réussit à diviser et pour cela il est prêt à utiliser tous les moyens y compris la complicité de toutes les forces politiques qui n'ont aucun intérêt à une transformation de la société parce qu'elles vivent du système. On voit les limites de ce qu'ils appellent la démocratie : quand le peuple commence à se rappeler au bon souvenir de la grande bourgeoisie, cette dernière n'aime pas ça, pas du tout ça ! Elle rêve d'un peuple soumis acceptant l'intolérable. Elle peut toujours rêver ! Cependant n'oublions jamais que la grande bourgeoisie n'a jamais hésité à utiliser la violence : le massacre des communards et son soutien à Hitler plutôt qu'au Front populaire sont là pour nous le rappeler. Il nous faut donc être prêts à toute éventualité et ne jamais oublier les leçons de l'Histoire.
Le capitalisme est arrivé à un moment de son histoire qui porte l'accumulation du capital à un point de tension tel que cela en devient explosif. Les contradictions sont partout, dans les entreprises, dans les quartiers, dans les institutions, au sein de la classe dominante elle-même qui est confrontée à la très rude épreuve de tenter de faire accepter au peuple, et surtout à la classe ouvrière qu'il n'y a pas d'autres choix possibles que le capitalisme lui-même.
Or rappelons que c'est le peuple qui est souverain et que lorsque le pouvoir prend des décisions iniques et contraires à l'intérêt populaire et national, le peuple a un devoir d'insurrection.
Personne ne sait ce que deviendra le mouvement en cours. Dans les deux camps on élabore des stratégies. La classe dominante a certainement un coup d'avance par sa position dominante et sa main mise sur l'appareil d'état mais elle ne pourra pas maîtriser un fleuve qui peut devenir un torrent irrépressible. Car demain de 3 millions de manifestants c'est peut être une multitude jamais vue qui descendra dans la rue. La multitude qui fait fonctionner chaque jour ce pays, la multitude qui prend conscience que ceux qui détiennent tous les pouvoirs ont vendu le pays aux banques réclamant au "bon peuple" de payer la dette. Car la casse de tous nos acquis sociaux résulte de cette trahison.
Certains craignent un tel mouvement. La classe capitaliste et ses serviteurs zélés à la tête de l'Etat peuvent déjà trembler à la simple évocation d'un tel séisme social et politique. Mais du côté de ceux qui n'ont rien à perdre en quoi la peur ferait-elle avancer les choses ? C'est de l'audace, de la créativité, de la solidarité dont nous avons besoin, c'est de renouer avec les plus belles traditions de notre histoire qui se sont élaborées dans les justes combats contre les oppresseurs.
Nous sommes le peuple des "Misérables", nous l'ont-ils fait oublier ? Nous sommes le peuple des Jacqueries, le peuple de la Révolution Française, le peuple de la Déclaration des Droits de l'Homme et de la Laïcité, de la résistance et du CNR. Nous sommes le peuple ! Nos ancêtres ont eu le courage de porter au-delà d'eux-mêmes, parfois au prix de leur vie, les valeurs que nous avons en héritage. Non nous n'accepterons jamais de vendre notre pays, notre histoire, nos valeurs, et notre avenir pour quelques milliards d'euros qui engraisseront la vile maffia du capital !