La première fois que j’ai vu le bel emblème du croisement de la faucille et du marteau, c’était à la poupe d’un vaisseau soviétique en transit dans le canal de Suez, vers 1950 : j’avais 11 ou 12 ans et nous amusions à nommer les nationalités des bateaux du canal. Comme mes enfants (et les vôtres…ou vous-même ?) se sont amusés à nommer, selon le numéro de la plaque, l’origine départementale des voitures croisées…
Quelques années plus tard – pour moi un siècle ! – j’ai appris, en pension à Amiens, que cet emblème n’était pas de Russie soviétique, mais de l’Internationale Prolétarienne, fondée bien avant par un certain Karl Marx.
Bon, il m’a fallu encore quelques années – un autre siècle ! – pour apprendre que le PCF ( ‘premier parti de France en 1945’, si !) avait voté, au parlement ‘les pleins pouvoirs à Guy Mollet’ pour l’atroce Guerre d’Algérie. Alors que, comme tant d’autres jeunes, nous avions besoin de ce parti pour ne pas ‘y aller’, pour déserter.
Encore quelques années plus tard, je parle d’autres siècles, je suis membre actif d’une tentative (avortée) de renaissance du PCF, avec sa variante groupusculaire pro-chinoise contre le vieux PC pro-soviétique. Au meeting de lancement, dans une salle de la Mutualité parisienne, des nervis de ce PC (des syndicalistes CGT de l’imprimerie) font le coup de poing, prennent la tribune… et, naïf, ma carte de syndiqué CGT-imprimeur me donne accès au micro conquis par nos agresseurs. J’y clame des slogans pour Mao… Cela retourne la salle un instant, le temps qu’on m’arrache le micro des mains, avant de m’expulser manu-très-militari, dans un escalier au bas duquel je me retrouve sans chemise, t-shirt déchiré, mais à peu près OK…
A peine plus tard, mais ce sont encore pour moi d’autres siècles, c’est MAI 68. Notre pseudo Vrai Parti Communiste y implose cependant que la révolte -- ouvrière bien plus qu’étudiante ! - explose. C’est pour moi -- et beaucoup d’autres -- l’occasion de rejoindre la mouvance anarchiste. D’abord concrètement, à coups de pavés, etc… Confirmée au cours des années suivantes à coups de mouvances sociales, bonnes ou mauvaises, comme la vie…Je veux surtout dire que si je suis anticommuniste depuis le début de ma maturité, c’est par rapport au PCF, à cause des ‘pleins pouvoirs’ donnés à Guy Mollet, faute impardonnable. Mais que je suis communiste, comme tant (la majorité !) de camarades qui ont quitté ‘Le Parti’ (ou n’y ont jamais adhéré, comme moi), lorsqu’il y a de stupides attaques, idéologiques surtout, de divers ‘spécialistes’ (ou enivré(e)s de bistrots) qui dégoisent des conneries -- je ne trouve pas d’autre mot – sur l’actualité des luttes sociales. Dont l’avenir – mondial ! – est la justice, donc par le communisme bien compris. Celui de Bakounine.
Paysans et ouvriers, ‘faucille et marteau’, c’est bien mieux que ‘marteau et enclume’, c’est-à-dire bourgeois contre prolétaires, non ? Bref, ‘total respect’ pour cet emblème de l’internationale communiste à sa naissance, bien avant son usurpation par la dictature stalinienne et sa 3° Internationale, cour de minables PC inconditionnels à Moscou.Je suis communiste de cœur, à vie. Certes ‘l’anticommuniste’ -- secondaire, pas primaire -, par rapport aux magouilles du PCF, à la remorque d’un PS pourri, n’a rien à voir avec les dégueulis des réacs… Et tout à voir avec l’espoir que, à la base, on se rejoigne de plus en plus, quelque soit l’étiquette, pour dézinguer la hautaine bourgeoisie, le capitalisme meurtrier… et inventer l’avenir sans en être l’enclume… :
Révolution !
C’était mon billet d’humeur, suite à une discussion en marge de la manif de samedi 16, entre membres du PCF, des Verts, du PG et de dits ‘inorganisés’ comme moi… et tant d’autres ! Discussion un peu confuse, mais qui s’est bien conclue par des sourires et éclats de rires, suite à une plaisanterie du genre, à peu près, de ‘foutre l’enclume sur l’enculeur Tsarko’…