Ceux qui ne supportent pas les Américains ou le Net sont priés d'aller voir autre chose.
Le film le plus intéressant du moment est sans conteste "The social network" de David Fincher.
A un rythme échevelé, dicté semble-t-il par le fait que le réalisateur a voulu caser tous les dialogues dans le quota d'heures alloué par la production, un post adolescent étudiant à Harvard va mettre au point ce qui deviendra "Facebook".
Il est timide, nerveux, stressé, mal dégourdi pour jeter sa gourme mais il a toujours un temps d'avance sur ses concurrents ce qui, dans cet univers d'immédiateté, est un atout essentiel pour l'emporter. Comme on ne fait pas d'omelettes sans casser d'oeufs, il piétine au passage les droits de son meilleur ami et ceux des malheureux qui ont commis l'imprudence de lui donner des idées sans les protéger. Le film tourne un peu autour du pot, mais la duplicité du personnage est manifeste, ce qui n'exclut en rien son talent ou sa candeur sur d'autres sujets.
Le meilleur de ce long métrage à haut débit est le tableau de l'univers impitoyable d'Harvard où règne l'élitisme pour le meilleur (culte de l'innovation, bouillon de culture, méritocratie) comme pour le pire (bizutage, réapparition inéluctable d'une aristocratie fermée, clanisme, mépris social). C'est tout le secret des systèmes sociaux ou culturels performants que d'allier corporatisme et concurrence effrénée en leur sein. Rien n'était plus méprisant pour le monde extérieur et plus fondé sur l'émulation féroce entre ses membres que la Florence des artistes du Quattrocento. Et Boston et sa région sont sans nul doute la Florence de notre temps.
Quant à Facebook, ce n'est qu'un prétexte à la démonstration et c'est précisément pour cela que le film est bon. D'ailleurs, nous sommes prêts à parier que, d'ici 10 ans, plus personne ne parlera de ce réseau et qu'il aura été supplanté par beaucoup mieux dans le genre.