Première visite (car j’y retournerais) à l'exposition Monet du Grand Palais. Un peu frustré car certaines toiles aimées et vues en reproduction n’y sont pas (Mais Monet a été si prolixe que le Grand Palais est pardonné !) mais aussi subjugué par le grand nombre de tableaux présents, offrant une immersion dans l’oeuvre, un voyage dans la lumière. Car c’est d’elle que vient l'émotion, sa présence qui fait vaciller comme dans «Femme au jardin». Et ce vert. Je ne sais pourquoi mais le vert que Monet utilise dans ce tableau et aussi dans «La vague verte» et «Paysage d’usines», m’attire, me trouble, comme un rappel, une mémoire abandonnée.
Devant la puissance de la série sur les Cathédrales (ou des Peupliers, des Meules de Foin, du Pont d’Argenteuil...), cette exploration du rendu de la lumière, la photographie HDR fait pâle figue, non pas en terme d’intérêt mais en terme de recherche et de créativité. Et de facilité. Loin de la création presse-bouton imposé par le marketing, Monet lutte, combat. Sa peinture si légère nécessite détermination, énergie, persévérance, travail,réflexion, expérimentation, erreur, engagements, errements, questionnements, recommencements. C’est cela la lumière.
Ainsi la mort en devient lumineuse ( Camille sur son lit de mort), un parquet un reflet d’eau (Un coin d'appartement), un bras de la Seine, le début du monde (Matinée sur la Seine).
Au fil des tableaux, en une lente dérive lumineuse, je me à rêver de pouvoir un jour filmer des paysages avec une caméra possédant une grande plage dynamique (comme l’ARRI Alexa) pour capter les nuances des hautes comme des basses lumières, et une fois cette matière captée, engrangée, à l’étalonnage la travailler comme un forcené, et de vibrations en résonances, de fractales de couleurs en touches de vision, de rentrer dans la lumière comme Monet l’a fait dans ses toiles, échancrures du réel, car il peint ce que l’âme voit.