Antony Hegarty est vraiment un être à part. Pas tant que ça pour les raisons auxquelles on pense habituellement – identité transgenre, influence underground – que pour sa voix et ses convictions. La douceur de la première et la force des secondes ont fait du chanteur d’Antony and the Johnsons une sorte de génie hors-normes de la musique anglaise, un artiste inclassable. Il y a de quoi aimer la différence, comme le montre le dernier album du groupe, « Swanlights ».
On y trouvera le côté clair-obscur qui caractérise Antony & the Johnsons et qui s’observait déjà dans le précédent « Crying Light » : un mélange entre des morceaux très lumineux, des textes respirant l’amour pour l’amour (I’m in love, Thank you for your love), la célébration de nouveaux souffles (Everything is new); et des chansons plus sombres, de petits murmures de tristesse (The spirit was gone, The great white ocean). Sur chacun d’eux la profondeur de la voix d’Antony est juste à donner des frissons. Le duo avec Bjork peut facilement devenir le morceau qui sauvera tous les insomniaques de leurs nuits blanches.
Quand on pense qu’en 2000, aucune maison de disques ne voulait signer cet artiste lunaire…on est heureux d’entendre Antony Hegarty confier qu’il « n’a jamais fait de compromis pour être accepté ». Ca lui aurait sans doute enlevé sa part de talent, l’admiration qu’on peut lui porter pour affirmer son style, sa vision pacifiste du monde, son inépuisable douceur pour contrer la violence qu’il rejette (oui je sais il me rend complètement sentimentaliste ce mec, mais de toute façon entre lui et moi c’est pas possible).
Allez, assez parlé, on écoute « Swanlights » et « Thank you for your love » jusqu’au bout, et on peut dire ensuite nous aussi Thank you. For your light.
http://www.antonyandthejohnsons.com/