Second roman de Richard Price publié aux Etats-Unis en 1976, cette œuvre de jeunesse sonne comme un uppercut à la pointe du menton. Une chronique familiale dressant le portrait d’une « tribu » italo-américaine dont chaque membre est un cas à part entière. Entre le petit frère anorexique, la mère psychopathe, le père et l’oncle infidèles, Stony à fort à faire. L’amour filial est le thème central du roman. Stony est pris au piège. Il le sait mais tente de se convaincre du contraire. C’est une sorte de héros tragique : dès le départ on se doute que quoi qu’il fasse, il ne pourra en aucun cas changer le cours de son destin.
Un texte cru, violent, sans concession. Les dialogues sont magistralement ciselés et l’atmosphère si typique du Bronx parfaitement rendue. Richard Price est sans conteste à classer parmi les très grands écrivains américains de la seconde moitié du 20ème siècle. On pense évidemment au Selby de Last Exit to Brooklyn. Pour les dialogues, la comparaison est à chercher du coté d’Ed Mc Bain ou de Chester Himes. Loin, très loin des écrivains du Montana et du Nature Writing, Price distille une prose urbaine qui fait mouche. Voila la littérature américaine comme je l’aime : moderne, sauvage et totalement décomplexée !
Frères de sang, de Richard Price, Presses de la cité, 2010. 392 pages. 21 euros.
L’info en plus : Richard Price n’est pas seulement romancier, c’est également un scénariste de talent. Il a notemment signé le scénario de La couleur de l’argent, un film de Martin Scorcese.
Un très grand merci à Babelio et aux Presses de la cité de m’avoir fait découvrir ce superbe roman !
Challenge du 1% littéraire