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Grèves : ils nous prennent pour des cons

Publié le 18 octobre 2010 par Letombe
Grèves : ils nous prennent pour des cons

Le spectre d'un micro-mai 68 inquiète la Sarkofrance. Il faut donc décourager les protestataires, expliquer que tout va bien, que tout est sous contrôle.
La mobilisation, ou pas
Environ 200 à 300 stations de Total étaient en rupture de stock ce week-end. Les aéroports de Roissy et Orly prévenaient qu'ils n'auraient plus de kérosène à compter de lundi soir. Le secrétaire d'Etat aux transports s'est empressé de démentir. En fait, la direction a fait appel samedi à des cadres, non formés mais non grévistes, pour réouvrir les pipe-lines.
Samedi, la police annonçait une mobilisation en baisse de 20% environ, à 825 000 manifestants pour ce second samedi de protestation contre 3 millions d'après la CGT. La bataille de chiffres bat son plein. Mais quelle importance ?
Le Figaro, propriété de Serge Dassault, préfère multiplier les articles contestant l'ampleur des manifestations. Qu'importe si ses propres sondages désavouent jour après jour le président de Sarkofrance et sa fumeuse réformette des retraites : « comptage des manifestants : le grand bluff des syndicats », ou encore :  « Comment les syndicats comptent les manifestants », «  croyez-vous aux chiffres avancés par les syndicats lors des manifestations ? »
Samedi, dès le milieu de l'après midi, le ministère de l'intérieur expliquait que la mobilisation avait atteint son plus bas niveau depuis la rentrée. Eric Woerth en rajoutait. Il fallait décourager Billancourt. 
Dimanche, la CGT anonce 26% de grévistes chez les cheminots. La direction, elle, assure que le trafic est « stable » : « 1 train sur 2 » sur le réseau Transilien; 1 TER sur 2; 2 TGV sur 3; 1 train Corail sur 3. Les syndicats de transports routiers ont appelé à des actions ponctuelles. Le transport de fonds est aussi affecté. Bref, un peu partout, dans nombres de secteurs, le ras-le-bol s'exprime.
La pédagogie version UMP
Frédéric Lefebvre, porte-parole de l'UMP et porte-flingue de l'UMP, s'est calmé. Sans doute est-ce l'approche du remaniement gouvernemental, ou l'usure d'un combat politique dont il ne tire pas les fruits. Vendredi dernier, il s'est dit volontaire pour faire de la pédagogie sur la réforme des retraites. En d'autres temps, il aurait fustigé les trublions mineurs qui manifestent, il aurait cherché la formule choc pour créer la polémique. Maintenant, l'homme est « calme ». Jugez plutôt : « Notre famille politique a pris sa part de la conduite de la réforme dans les deux premières phases : écouter les inquiétudes et adapter la loi. Il nous reste à nous engager totalement dans la troisième : expliquer les avancées du texte. (...) Ce sera la pédagogie à tous les étages à l'UMP.» Ou encore : « Le devoir de chacun est d'œuvrer, à sa place, pour un dialogue apaisé. »
La Sarkofrance a la trouille d'un emballement de la jeunesse.
Dimanche, l'UMP s'est donc « mobilisée », juste après la messe, entre 11 et 13h,  sur son site Web, avec un chat associant quelques responsables. On annonçait Xavier Bertrand (secrétaire national), Christine Lagarde (ministre des Finances), Eric Woerth (ministre du travail), Rama Yade (écrivain), Marc-Philippe Daubresse (?), Georges Tron (ex-villepiniste), Frédéric Lefebvre (porte-flingue), Dominique Paillé (porte-parole), Roger Karoutchi (sénateur des Hauts-de-Seine), Eric Raoult (revenant), Camille Bedin (Jeune sarkozyste). Installés dans une petite salle, devant une trentaine de participants, quelques leaders sont échinés à répondre à des questions prévues d'avance.
On a pu ainsi entendre Christine Lagarde expliquer qu'il fallait cesser d'angoisser les jeunes avec la retraite. L'argument fait sourire, quand on se souvient l'escalade anxiogène mise en oeuvre par Woerth et consorts depuis le début de cette réforme. Xavier Bertrand a insisté sur le soutien populaire massif en faveur de la réforme des retraites proposée par Nicolas Sarkozy. Sans doute avait-il accès à des sondages occultes de l'Elysée. Car toutes les enquêtes d'opinion révèlent le contraire. Un vieux député, Yannick Paternnotte, s'est étonné qu'on passe sous silence les avancées majeures du texte en faveur de l'égalité salariale homme/femme (rappelez vous : 1% de pénalité pour 20% d'écart de salaire en moyenne...).


Et plus tard, au journal télévisé de TF1, François Fillon revient défendre la réforme et enterrer la protestation.

Sarkofrance


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