Je suis allé voir Truman Capote, hier soir. Ca faisait un petit moment que je n’étais plus allé au ciné (un mois, je crois) et j’ai donc profité de l’une des dernières programmation d’un film qu’a beaucoup aimé la critique, sur un écrivain américain qui plus, alors j’y suis allé (et en plus je me suis fait inviter par ma mère, que demander de mieux ? au passage, merci maman ).
Pour résumer brièvement, le film s’intéresse à la vie de l’écrivain Truman Capote au moment où il décide de suivre une affaire de meurtre sur une famille entière dans le Kansas. Il y voit le moyen d’inventer une nouvelle façon de concevoir la littérature (et donc une nouvelle façon d’écrire), une façon nouvelle qu’il appelle « Non-fiction » (Chuck Palahniuk reprendra ce terme, il me semble, pour l’un de ses ouvrages). Il se rend donc sur les lieux et se renseigne sur à peu près tout, y compris sur les auteurs du massacre. L’un d’eux (car ils sont deux) surtout : Perry. Capote se met en tête de l’approcher, de l’interroger, de le séduire, presque, pour qu’il lui livre tous les secrets de sa psychologie. De tous ces renseignements et de ces recherches, Capote en tirera un livre : De Sang Froid.
Autant le dire tout de suite, Truman Capote est un très bon film. Le réalisateur, apparemment sans grande expérience (c’est Télérama qui parle, là ^^), réussit sobrement à nous suggérer (plutôt que nous montrer) la complexité du personnage de Truman et surtout sa relation ambiguë avec Perry. Entre manipulation, séduction et aliénation, le couple Truman/Perry apparaît clairement comme le cœur, le moteur même, de ce film. C’est d’ailleurs un film difficile à endurer pour le spectateur, car il est toujours à la limite, toujours sur le fil. Chacun des deux personnages majeurs, qui se ressemblent et qui sont pourtant des opposés, marchent sur un fil imaginaire. On ne peut jamais vraiment les approuver ou les plaindre, on ne peut jamais vraiment les détester. L’équilibre pourrait être risqué, mais ça marche, et ce jusqu’à la fin du film, particulièrement dure et qui, pour ma part, trouve surtout sa cruauté et son cynisme dans l’une des dernières phrases qui clos le film, écrite simplement sur fond noir.
Au passage, saluons la performance de l’acteur principal (j’ai oublié son nom), excellent dans ce rôle délicat d’écrivain mondain maniéré au possible, laid, triste et parfois monstrueux. D’ailleurs, de façon plus générale, tous les acteurs sont parfaitement choisis, parfaitement dans le ton. Evidents, tout simplement. Saluons aussi la bande son, impeccable, sobre, discrète. Juste ce qu’il fallait, ce qui n’était pas évident car quelques notes de trop pouvaient facilement casser l’ambiance mise en place. Au contraire, les quelques notes de pianos que l’on entend parfois, rares, froides, sont exemplaires.
Enfin, pour retomber sur mes pattes, je parlerais aussi de la très bonne réalisation, surtout dans ces passages souvent muets, où la caméra est à la fois stable et sobre et esquisse par moment de légers tremblements déroutants. De la même façon, le film est très bien monté ; l’enchaînement des évènements est ainsi sec mais vrai. Il (le montage) évoque à merveille les enchaînements de paragraphes parfois brutaux que l’on retrouve dans certains livres. Peut être ceux de Capote…
Pour ceux qui n’auraient pas compris, oui, je recommande le film qui, et c’est déjà pas mal, donne réellement envie de lire le livre dont il est question : De sang froid .