Note : ce billet a été écrit le 5 et posté le 12. Je le date donc au 5 juillet.
Un voyage en train, c’est long... Surtout quand on traverse la moitié de la France. Parti de sainté à sept heures et demi, arrivé à quinze heures et quelques, sans compter le retard, ça fait donc un bon petit paquet de temps à occuper. Et pour l’occuper, je n’y peux rien, il m’arrive encore d’écrire des choses futiles sur tout et n’importe quoi. J’ai donc sorti mon bloc-notes et j’ai noté ce qui me semblait intéressant sur le moment. C’est ce que j’ai tapé et que je vous invite à lire. Je (re)précise que ces lignes ont été écrites sur le coup, mercredi cinq juillet.
Dans le train, les gens n’ont pas l’air de se douter qu’on peut à la fois les voir et les entendre. Moi, dans le train, je les observe, ces gens-là. Il est environ dix heures et quart, j’ai encore cinq heures à tuer. Etrangement, tous ceux qui bossent dans le train font des calculs, ou des trucs d’économies, des graphiques et ainsi de suite. A priori, les littéraires ne bossent pas dans le train... Derrière moi, un type avec une très belle voix passe son temps à téléphoner. « Je suis dans le train », il dit de sa voix très intelligible, « ouais, c’est chiant. Y en a une ribambelle. Ils partent en vacances et ils me gonflent ». Il parle des ados/préados qui se sont rassemblés dans ce wagon. Ca me fait sourire. J’essaie d’imaginer quelle tête peut avoir ce type, justement, le type à la belle voix... Il faut bien s’occuper. A ma droite, contre la fenêtre opposée, une jeune fille échange avec moi quelques regards amusés à chaque fois que le « steward de la compagnie des wagons libres » parle avec de drôles d’intonations. En face, au début du voyage, un « homme entre deux âges » fait gentiment remarquer à sa femme que oui, elle n’a bien réservé qu’un billet et pas deux et que lui n’en n’a donc pas et que oui, il ira trouver les contrôleurs pour leur expliquer la situation. Toujours au début du voyage, quelqu’un de bien attentionné propose à l’un des gamins présents dans le wagon de lui soulever sa grosse valise pour le mettre dans le compartiment à bagages, au-dessus des sièges. Le gamin accepte et, après que le « quelqu’un de bien attentionné » lui ai dit : « elle est bien, là ? », il lui réponds en montrant le compartiment opposé : « non, là, c’est mieux ». Le quelqu’un reste calme mais envoie quand même chier le gamin en question. Sur ma droite, un jeune qui se mouche sans arrêt ressemble à l’un de mes anciens camarades de classe de seconde que je ne pouvais pas sentir. Je n’arrive plus à me rappeler pourquoi je le détestais tant... Sans qu’on s’y attende, l’un des ados/préados du fond du wagon qui, je l’ai appris entre temps, est en fait un convoi de gosses pour un camp de vacances, déclare que « ouais, le père fondateur, il paraît que c’est un pédophile. Il a plus droit de faire les messes... » Silence... Un peu plus tard, un peu avant le terme de mon voyage, mon voisin lit le magasine « Courrier Cadre ». L’article concerne les jeunes en entreprise. En voici un petit florilège : « Difficiles à comprendre, rebelle par nature, les jeunes posent souvent problème à leurs dirigeants et à leurs managers » (Chapeau) « Ils veulent tout et tout de suite ! » (Phrase titre écrite en gras) « Vive la révolution, place aux jeunes ! » (Petit dessin voulu humoristique avec un « jeune » le poing levé) Le plus étrange c’est que le type en question, celui qui lisait cet article, il me paraissait jeune. Comme quoi...
Moi, pendant ce temps, je les observe tous, entre deux pages de Balzac et deux lignes incroyablement mal écrites sur mon bloc notes. On dira que ce sont mes « scènes de la vie quotidienne » ou bien « scènes de voyage en train ».
PS : Pendant que j’y suis, je précise que je ne lis plus le bouquin suédois « Paula ou l’éloge de la vérité », comme le dit mon petit truc en haut à droite, je suis en plein « Splendeurs et misères des Courtisanes » de ce brave Honoré !