Vous l'aurez sans doute remarqué : ces temps-ci, je vais souvent au ciné. Ca se retrouve notamment dans les nombreux billets « Coups de coeur » que je mets en ligne régulièrement (et encore, je n'ai pas parlé de tous les films que je suis allé voir depuis la rentrée, la flemme). On mettra ça sur le compte de l'ouverture du nouveau Méliès et aussi du fait que les cours c'est chiant : c'est mieux d'aller voir des films à la place.
Bref, celui dont je vais vous parler aujourd'hui est un peu particulier. On est allé le voir (on, c'est à dire Fanny, Malika, Isa et moi-même) lundi soir, un peu comme une mini soirée de fin de partiels, même si des partiels, on en aura encore en janvier. Bref, on est allé voir Shortbus, film de John Cameron Mitchell dont vous avez peut être entendu parlé puisqu'il a fait pas mal parler de lui, notamment à cause des scènes de sexes non simulées qu'il présente à l'image explicitement (oh comme c'est joliment dit !). En gros, c'est un film avec des vrais morceaux de films de cul dedans (oh comme c'est joliment dit, bis). Mais ça ne se résume pas à ça pour autant, même si, ne nous le cachons pas, le film a fait une grande partie de sa promo là-dessus (à Cannes, notamment).
L'histoire de Shortbus n'en est pas vraiment une. C'est plus une accumulation de petites histoires, de personnages qui se croisent, qui se font et se défont, le tout dans le théâtre carton pâte de New York, seule vive à même d'accueillir une telle intrigue, bien évidemment. Afin de vous le résumer un minimum, voici quand un même une espèce de synopsis : le Shortbus est un établissement assez particulier, entre lieu de rencontres, salle de projection et théâtre d'orgies permanentes, établissement où se rencontre des personnages un peu perdus, voire même complètement paumés. Parmis eux, en vrac, une sexologue qui n'a jamais eu d'orgasme, un couple homo qui cherche à « s'ouvrir sexuellement » ou une dominatrice en mal de relations « humaines », etc. Le film présente alors des personnages divers et diversifiés qui tentent de résoudre leurs problèmes existentiels en même temps qu'ils essaient de résoudre leurs problèmes sexuels puisque, après tout, c'est l'approche qu'a choisit le film.
Autant le dire tout de suite, Shortbus est un film assez trash au début (le premier quart d'heure), puis il redevient « normal » par la suite. Il ne s'agit pas, comme j'ai pu le craindre de prime abord, d'un film qui cherche à justifier les scènes de cul qu'il propose. Il semblerait plutôt que le film cherche à choquer dès le début, histoire de pouvoir ensuite passer à autre chose et raconter l'histoire (ou plutôt les histoires) qu'il veut raconter. De ce point là, c'est plutôt positif.
Pareil concernant le jeu des acteurs, qui étaient pourtant amateurs pour la plupart d'après ce que j'en ai compris. Le film est superbement interprété et, compte tenu de la nature particulière du film, ça mérite d'être signalé, car ce n'était pas forcément gagné dès le départ.
Le parti pris du film est lui plus contestable. Il se propose de porter un regard simple et neutre sur la sexualité de ses personnages. Il s'agit de montrer le sexe comme un acte du quotidien, à la limite de la pathologie par moment. C'est contestable, notamment à cause du caractère profondément a-érotique (ça se dit ?) du film : Shortbus n'est pas un film érotique, il ne véhicule aucun désir. Les scènes de sexe sont banalisées, ancrées dans un quotidien qui les démystifie forcément. En cela, je comprends tout à fait qu'on puisse être déçu en sortant du cinéma...
Je ne vous dirai pas que Shortbus est un film génial et révolutionnaire comme j'ai pu le voir ou l'entendre à droite à gauche. C'est un bon film, simplement, perfectible et très maladroit par moment. Mais un film révolutionnaire, certainement pas, et c'est pourquoi j'ai choisi d'en parler (ça et pour attirer le visiteur avec les mots clés Google of course !), la majorité des critiques bloguesques que j'ai visité étant plutôt (très) positives.
D'abord, le principe même du film m'a un peu rebuté. On prend un personnage avec un problème dans la vie et on le symbolise dans sa vie sexuelle. C'était aussi simple (voire simpliste) que ça. Et évidemment ça dénote complètement avec l'aspect humain et touchant qu'on essaie d'insuffler à ces dits personnages.
De la même façon, tout le côté symboliste du film est exagéré, oserais-je même dire hypertrophié. Tout est symbole et, au as où le spectateur n'ai pas compris, tout est fait pour que l'on comprenne ce que le film a voulu dire. Les indicateurs sont ainsi multipliés, grossis au maximum jusqu'à ce que ça en devienne excessif. Non seulement c'est simpliste (voire simplet), mais c'est également nié le rôle du spectateur qui n'a pas besoin de tout ces codes énormes pour interpréter le film.
D'autant plus que certains messages fonctionnent à contre-sens : l'exemple même étant ce personnage (voire ce duo de personnages) qui semble constituer une incarnation dans le film du spectateur (le tout en jouant avec la thématique centrale du voyeurisme)qui est en soit une très bonne idée, qui sert véritablement à approfondir les personnages pendant que la trame cinématographique, elle, refuse l'interprétation en multipliant les indicateurs et les codes, cf. le paragraphe précédent.
En un mot, c'est dommage et c'est carrément maladroit, surtout que le « message » délivré par la conclusion du film est franchement planplan (oui, planplan !). On n'en dira pas plus pour ceux qui ne l'ont pas vu mais c'est pas l'envie qui m'en manque... Notons au passage que de tout centrer autour du sexe et de la sexualité paraît, là encore, franchement simple (voire simpliste, voire simplet)...
Un petit mot positif pour finir sur la bande son, élément du film réellement génial. La musique est simple, mais envoûtante est superbement interprétée notamment par Scott Matthew (quelle surprise de le retrouver au beau milieu d'un tel film, d'autant plus qu'on le voit en vrai !), qui a beaucoup collaboré avec Yoko Kanno, entre autres, pour ceux qui ne le connaîtraient pas (je parlerai de lui bientôt, promis).