The Good German

Publié le 11 mars 2007 par Menear
Je ne suis pas un grand cinéphile, je peux largement supporter de ne pas aller au ciné pendant des semaines et je n'ai pas de réalisateur adoré ou préféré. Cela dit, je reste relativement sensible à l'esthétique et à l'approche artistique de certains « noms » du septième art. Et parmi ces « noms », je citerais volontiers celui de Steven Soderbergh (Solaris, Ocean's Eleven et Traffic, entre autres). Ca tombe bien, Soderbergh a justement réalisé le film dont je vais vous parler et que j'ai vu pas plus tard qu'hier. The Good German, tel est son nom.

On le remarque tout de suite, avant même que le film sorte officiellement, il suffit de jeter un oeil plus ou moins attentif sur les affiches qui fleurissent ici et là, The Good German s'ancre dans une esthétique typique du film noir et/ou du film de guerre des années cinquante. Et c'est exactement pareil une fois son cul posé sur le siège du ciné, face à l'écran : The Good German est un film qui se veut le plus proche possible de cette esthétique, à tel point que son réalisateur a utilisé le même matériel qu'à l'époque (caméras, décors, prise de son et j'en passe), que les acteurs se réfèrent au jeu des grands acteurs de cette période et que la bande son elle même semble être le résultat de l'imitation du style à la fois pompeux et sirupeux des ces standards. On note au passage l'utilisation d'images d'archives (durant le générique de début, notamment) qui ancrent à la fois le film dans un contexte historique particulier (l'après seconde guerre mondiale à Berlin, la conférence de Potsdam) mais qui tendent à le « décrédibiliser » également, puisque les transitions entre film et archives sont assez maladroites et déconstruites, dans le but, toujours, de rester proche de l'esthétique des films des années cinquante.

L'histoire, elle, est aussi sombre et brumeuse que l'atmosphère qu'elle dégage. Jacob Geismar (George Clooney), journaliste, revient à Berlin après y avoir vécu avec l'espoir (plus ou moins) secret de retrouver une ancienne maîtresse (Cate Blanchett) qui, elle, n'a pas déserté Berlin pendant la guerre. La ville, totalement brisée et à demi détruite, est soumise au contrôle des puissances étrangères (USA et Russie en tête). Geismar, dans ses recherches, fait connaissance de Tully (Tobey Maguire), un petit escroc de l'armée américaine, lui-même amant de Lena, le personnage incarné par Cate Blanchett. Les quêtes et les fuites des différents personnages qui s'entrecroisent en viendront peu à peu à se confondre avec, en toile de fond, la « question » de quelques scientifiques ayant travaillé à l'élaboration des V2 allemands, ayant collaborés avec les nazis et que recherchent désormais les USA et la Russie pour leurs propres recherches...

L'histoire est donc relativement compliquée, vous l'aurez compris, d'autant plus compliquée qu'il s'empile dans ce film plusieurs strates différentes : l'intrigue sentimentale, l'intrigue policière, l'intrigue politique et d'autres évènements parallèles également. Pour être tout à fait franc, donc, dans The Good German, on a souvent l'impression de patauger. En sortant du cinéma, également, on n'est pas totalement sûr d'avoir saisi toutes les subtilités des différentes intrigues qui nous a été présentées. Mais j'ose croire que ce n'est pas ici l'important. Dans The Good German, ce qui frappe, c'est avant tout la restitution d'une ambiance, l'esquisse de personnages solides et intéressants et une intrigue principale qui tient suffisamment en haleine pour que l'on s'y jette à corps perdu. Le fait de ne pas avoir assimilé toutes les subtilités du scénario, c'est assez secondaire ; l'envie de revoir le tout une seconde fois pour mieux comprendre certains élément, c'est plutôt positif.
On retiendra également la superbe esthétique noir et blanc de l'image. La photographie est simplement remarquable, les jeux de lumière, de clair-obscure et certaines interactions avec la fumée, par exemple, sont réellement magnifiques. Le jeu des acteurs, quant à lui, s'il peut dérouter au début (George Clooney semble assez pataud lors des premières minutes) est exemplaire : il est très « rafraîchissant » de les retrouver dans des rôles qui les détourne de leurs rôles habituels (pour cela il ne faut pas se fier aux apparences). Dans ce registre, l'interprétation de Cate Blanchett est excellente. Les personnages sont d'autant plus mis en valeur que la narration elle-même amplifie leur caractère déroutant (le film peut être divisé en trois grosses parties qui possèdent chacune son personnage centrale).
Pour conclure rapidement (match du PSG qui commence dans cinq minutes !), je recommande The Good German à ceux qui souhaitent se laisser glisser dans un univers à part entière et dans un film à l'esthétique irréprochable. Pour ceux qui ne supportent pas de ne pas tout comprendre d'une intrigue, en revanche, il ne faudra pas s'y attarder. Le dernier Soderbergh n'a rien d'un très grand film, mais il est agréable et c'est bien tout ce que je lui demandais lorsque je suis allé le voir hier.