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Dénaturer ?

Publié le 16 juillet 2007 par Menear
Dénaturer ?Depuis le mois d'avril dernier, comme je l'ai déjà évoqué dans mon dernier billet du journal de bord, je travaille à l'écriture d'une novella, texte un peu plus long qu'une nouvelle mais un peu trop court pour être un roman, que j'ai intitulé « Cette vie ». Les corrections sont allées bon train, et je crois pouvoir dire que j'ai bâti une version relativement satisfaisante. Sauf que... Sauf que je me suis mis en tête, dernièrement, de modifier légèrement certains passages et, surtout, d'en rajouter quelques uns. Les "quelques uns" en question, ce n'est pas qu'un peu : le nombre de passage à rajouter s'élèverait pour l'instant à une petite dizaine. J'ai commencé à écrire ces passages supplémentaires hier, et l'opération s'est poursuivie aujourd'hui (cela devrait au moins durer toute la semaine) mais déjà quelques doutes s'installent...
Le premier d'entre eux concerne la pertinence d'une telle démarche. Pourquoi, exactement, rajouter des passages à ce texte qui, jusque-là, était globalement satisfaisant ? Mes motivation sont diverses, me semble-t-il. La raison principale est simple : mon texte est, par nature, assez confus, il ne sera probablement pas toujours compréhensible et il n'est pas impossible que certains lecteurs potentiels restent totalement hermétiques à ce type de narration. L'intrigue générale – sorte d'armature sous-jacente qui soutient le texte – est relativement simple en elle-même, mais finit déformée par la perception du personnage-narrateur et tous les développements parallèles qui peuvent intervenir. L'idée de ces passages en plus tenait donc simplement dans une envie de clarifier la situation et de donner aux lecteurs un peu plus d'armes pour appréhender le texte.
Problème : je suis d'une nature assez confuse (voire compliquée) et j'ai opéré sur cette intrigue de base une sorte de fragmentation. « Cette vie » est comme un puzzle abstrait qui laisse la liberté au lecteur d'assembler (ou non) les pièces comme il l'entend. Je ne peux, du coup, pas orienter mon lecteur (je n'en ai d'ailleurs aucune envie), et je prends bien vite peur que ces passages supplémentaires, au lieu d'éclairer la compréhension de l'intrigue, au contraire, ne l'obscurcissent encore un peu plus.
L'autre problème que pose cette décision d'écrire de nouveaux passages tient dans la nature-même du texte ; en rallongeant une novella déjà bien fournie, ne serais-je pas en train de la dénaturer, puisque je la transforme de fait en roman (roman court, certes, mais roman quand même) ?
Plus en profondeur, ces doutes que je vous transmets actuellement via le journal de bord vont même au-delà de la simple considération de ce texte en particulier. Je commence à me demander également, à force d'y réfléchir, si cette histoire de passages supplémentaires n'est pas juste un prétexte pour ne pas terminer cette novella.
Car jusque-là, si j'ai déjà achevé un roman de jeunesse de mauvaise facture et deux petites nouvelles que je juge abouties, je ne suis jamais parvenu à finaliser un roman un minimum travaillé. Ce qui m'amène à la question ultime qu'a soulevée sans le savoir cette réaction en chaîne de doutes et d'interrogations : comment savoir quand un texte est terminé ou abouti ? Comment peut-on être capable de dire, au bout de plusieurs mois de travail, parfois intensifs, ça y est, c'est bon, je sais ? Ne serais-je pas simplement en train de réécrire à jamais un texte que je ne pourrais plus achever ?
Ces perspectives sont un peu extrêmes. Je ne pense pas réellement devoir errer dans les limbes de l'insatisfaction pendant le restant de mes jours. Je ne suis pas (encore ?) là.
Mais je m'interroge. Est-ce que je ne suis pas déjà allé trop loin ? Est-ce que je n'ai pas dénaturé (encore une fois) ce texte en dépassant de la sorte le cadre que je m'étais préalablement fixé ? Après tout j'ai tout à fait le droit d'avoir de nouvelles idées en cours de route, mais pourrais-je un jour être capable de dire stop ? Difficile à dire...
Des doutes et des interrogations, c'est normal, j'en ai tout le temps quand je me confronte aux problèmes posés par l'un de mes projets en cours. Cela m'influence probablement plus que je ne le souhaiterais, mais il est rare que j'y succombe complètement. Car en fait, peu importe tous ces doutes, toutes ces problématiques soulevées par mes envies littéraires ; je sais pertinemment comment cela va se terminer. Je sais qu'une bonne moitié au moins des passages supplémentaires que je m'attache à écrire ces jours-ci ne conviendra pas. Je sais que j'y renoncerai. Je sais que je n'en garderai qu'une autre moitié que je devrais retravailler encore longtemps avant d'aboutir à un résultat satisfaisant.
Mais cela rendra-t-il mon texte plus compréhensible ? Plus accessible ? Ça, je ne parviens pas à le savoir. J'ai même peur qu'il n'y ait que mes lecteurs potentiels (en partant du principe qu'il y en ait) qui pourront y répondre... Ce qui nous amène au doute final de chez final, aboutissement ultime de cette réflexion bloguisée en toc : dois-je prendre en compte la possibilité d'un lectorat ou dois-je m'appliquer à bâtir uniquement ce que moi je juge utile à l'élaboration du récit et/ou du personnage ? J'imagine que, comme toujours, la réponse (si tant est qu'il y en ait une) se trouve quelque part au milieu...

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