Quatre

Publié le 11 mai 2008 par Menear
AMF n'est plus tout à fait AMF passé la porte de son appartement. Si c'était bien son appartement. Et je n'en suis pas si sûr. Peut-être que c'était celui de l'autre fille. Ou n'importe quel autre en réalité.
Ce soir là, AMF ne m'a pas appelé, je ne l'ai pas appelée. C'est cette fille qui a utilisé son portable et s'est fait passer pour elle. Une adresse. Moi, j'y suis allé. Et j'ai ouvert la porte. J'ai trouvé cette fille qui n'était pas AMF, n'avait rien à voir avec elle. Elle ne m'a même pas souris. Elle a seulement dit un truc, j'ai oublié quoi, et puis elle poussé son corps contre la porte et moi au milieu et elle m'a mordu la lèvre en m'embrassant. Elle avait la peau brûlante, il commençait déjà à faire très chaud dehors. Elle avait juste un débardeur par dessus et un petit short qui la serrait à mi-cuisses.
AMF de retour bien après qu'il ait commencé à faire nuit. Elle ne s'étonne pas de me trouver là, chez elle, devant elle, entre la fille qui vit chez elle et elle. Elle a peut-être dit un truc, j'ai oublié quoi, et puis elle s'est retournée, à défait ses chaussures, ses pieds dessous étaient rouge, et puis elle a simplement dit : Ambre. En réaction, la fille a glissé jusqu'à elle, elle était en soutif, et elle s'est collée dans son dos, elle lui a défait la fermeture de sa robe qu'elle avait dans le dos. Je me suis dit après coup que Ambre, c'était probablement son nom à l'autre fille. Ensuite, AMF s'est retournée, s'est enfoncée dans la salle de bain et a laissé couler le robinet de longues secondes. Elle est revenue les cheveux humides et elle s'est accoudé sur la rebord de la fenêtre. Elle s'est allumée une clope. Un peu plus tôt, avant qu'elle revienne, cette Ambre m'avait dit qu'elles n'avaient jamais fait l'amour ensemble, mais je ne sais jamais qui croire dans ces affaires. Et puis de toute façon je m'en fous.
AMF sur le rebord de la fenêtre : elle balance le mégot sans effort, elle se décolle de la bordure. Elle se retourne vers nous et nous on ne sait pas quoi lui dire. Sauf Ambre, qui lui demande : t'as perdu combien ? Et elle s'écarte complètement de la fenêtre, AMF : la paume ouverte, le pouce rabattu au centre de sa main. La chaise sur laquelle Ambre est assise n'arrête pas de grincer, on dirait un squelette qu'on déboîte de la tombe. Ensuite AMF nous passe devant comme des ombres, elle est en soutif elle-aussi. La chaleur ne la fait même pas transpirer : les gouttelettes d'eau qui lui roulent sur la peau, c'est l'eau du robinet qu'elle a du faire couler sur ces cheveux un peu plus tôt.
AMF ne nous a plus adressé la parole ensuite. Je l'ai juste vue longer le couloir, errer vers la porte, revenir. Elle s'est murée dans la cuisine ensuite. Je l'ai vue dans le reflet du miroir de l'entrée, elle a laissé la porte grande ouverte. Elle s'est collée contre la gazinière, elle a fait chauffé de l'eau. Elle a eu un mouvement de recul quand elle a laissé tomber le sachet de riz dans la casserole.
J'ai demandé à Ambre quel était le problème. Qu'est-ce que j'en sais, moi, elle m'a répondu, comme si elle ne savait rien. Et puis elle s'est allongée dans la largeur du canapé et elle m'a dit : oublie.