On se répète, ça se répète. Coup de fil de Mme CS, principale du collège Prévost du Mans avant-hier. NG lui a donné mon nom et mes coordonnées : elle a besoin d'un vacataire pour remplacer un prof stagiaire IUFM absent jusqu'à la fin de l'année. Elle veut savoir si je suis disponible jusqu'à la fin de l'année. Oui, je lui réponds. J'ai rendez-vous deux jours plus tard pour un entretien. Ce matin donc.
Stagiaire IUFM, cela signifie deux classes uniquement et huit heures de cours effectives dans la semaine. Deux jours de libre au milieu. Tant mieux ; pas envie de laisser tomber « Coup de tête » comme ça. Ça veut aussi dire que la paye est divisée par deux, évidemment. Comme un mi-temps somme toute.
J'arrive un peu en retard ce matin parce qu'il se trouve que le collège Prévost se situe dans une faille dimensionnelle que seuls les aventuriers aguerris plus trois plus trois initiative-piétinement peuvent débusquer. Il se trouve que Mme CS est encore plus en retard que moi. Je me dis que Mme CS n'est pas une aventurière aguerrie plus trois plus trois initiative-piétinement. Mme CS ne ressemble à aucune actrice ou chanteuse connue. Mme CS s'habille en laine. Au téléphone, Mme CS sonne très BCBG.
On me prend encore sans savoir qui je suis, c'est une habitude. On me fait remplir les papiers officiels avant même l'entretien, qui n'est qu'une formalité. Quand je demande si je pourrais obtenir les coordonnées du prof que je remplace, on me répond que c'est pas possible parce qu'il est en phase terminale de je ne sais quoi. Je dis ah bon, je dis ok, je dis ah bah oui c'est sûr je comprends. Je récupère une vague progression annuelle qui tapisse les pages du cahier de texte de la classe concernée. Pas de noms de légumes pour cette fois. Juste des chiffres. Banal. 5e4 et 5e10. Visiblement, une classe agréable et une classe un peu moins agréable quand même. Quelque chose me dit que la 10 est la plus chiante.
Je rencontre divers professeurs, conseillers, surveillants, et autres personnels administratifs. Bonjour, bienvenue, on me dit. Et puis aussi : tu fais jeune quand même. Il fait jeune, hein ? C'est vrai qu'il fait jeune. T'as quel âge en fait ? Ah oui, t'es jeune alors. Je réponds : bah c't'à dire que oui.
Je commence demain. J'ai récupéré les manuels déjà. J'ai fait le tour de ce qui avait été fait cette année. J'ai constaté que les programmes de 5e sont loin d'être séduisants. Visiblement j'échappe de justesse au théâtre (je corrige : à Molière, le cauchemar de ma vie de collégien-lycéen-étudiant). J'arrive en pleine poésie visiblement (ceci n'est pas une métaphore) ; j'y suis diablement incompétent. On verra bien, je me dis. D'ici là les cours de la fin de la semaine (demain et vendredi) bien préparés : un truc sympa sur Buzzati. Je commence demain, jour de grève. Avec un peu de chance, y en aura peut-être qui auront la décence de faire sauter.