Quentin Compson #2
Publié le 11 septembre 2008 par Menear
Idem que mais plus loin dans le texte.
il brisa un morceau d'écorce et le laissa tomber dans l'eau puis il posa l'écorce sur le parapet et roula une cigarette très vite avec ces deux mêmes mouvements il jeta l'allumette par-dessus le parapet
qu'est-ce que vous ferez si je ne pars pas
je vous tuerai ne croyez pas que parce que je ne vous semble qu'un gamin
la fumée sortit en deux bouffées de ses narines et lui barra le visage
quel âge avez-vous
je commençais à trembler mes mains étaient posées sur le parapet je pensai que si je les cachais il saurait pourquoi
je vous donne jusqu'à ce soir
dîtes-moi mon petit ami comment vous appelez-vous Benjy est l'idiot n'est-ce pas et vous
Quentin
c'est ma bouche qui le dit pas moi
je vous donne jusqu'au coucher du soleil
Quentin
il frotta sa cigarette sur le parapet pour en détacher la cendre il le fit lentement soigneusement comme quand on affile un crayon mes mains ne tremblaient plus
écoutez ce n'est pas la peine de prendre ça si au sérieux ce n'est pas de votre faute mon petit ç'aurait été quelqu'un d'autre
Avez-vous jamais eu une sœur répondez
non mais ce sont toutes des garces
je le frappai la main grande ouverte résistant à l'instinct de la fermer sur son visage sa main agit aussi vite que la mienne la cigarette sauta par-dessus le parapet je lançai mon autre main il la saisit aussi avant que la cigarette eût atteint la surface de l'eau il me tenait les deux poignets dans la même main son autre main plongea sous son veston près de l'aisselle derrière lui le soleil baissait et un oiseau chantait quelque part plus loin que le soleil nous nous regardions face à face tandis que l'oiseau chantait il me lâcha les mains
regardez
il prit l'écorce déposée sur le parapet et la jeta dans l'eau elle flotta le courant l'emporta sa main sur le parapet tenait négligemment le revolver nous attendions
vous ne pouvez pas l'atteindre maintenant
non
William Faulkner, Le bruit et la fureur, La bibliothèque de la Pléiade, trad : Maurice-Edgar Coindreau, P.488-489.
he broke a piece of bark and dropped it into the water then he laid the bark
on the rail and rolled a cigarette with those two swift motions spun the
match over the rail
what will you do if I dont leave
Ill kill you dont think that just because I look like a kid to you
the smoke flowed in two jets from his nostrils across his face
how old are you
I began to shake my hands were on the rail I thought if I hid them hed know
why
Ill give you until tonight
listen buddy whets your name Benjys the natural isnt he
Quentin
my mouth said it I didnt say it at all
Quentin
he raked the cigarette ash carefully off against the rail he did it slowly and
carefully like sharpening a Pencil my hands had quit shaking
listen no good taking it so hard its not your fault kid it would have been
some other fellow
did you ever have a sister did you
no but theyre all bitches
I hit him my open hand beat the impulse to shut it to his face his hand
moved as fast as mine the cigarette went over the rail I swung with the other
hand he caught it too before the cigarette reached the water he held both my
wrists in the same hand his other hand flicked to his armpit under his coat
behind him the sun slanted and a bird sing ing somewhere beyond the sun
we looked at one another while the bird singing he turned my hands loose
look here
he took the bark from the rail and dropped it into the water it bobbed up the
current took it floated away his hand lay on the rail holding the pistol loosely
we waited
you cant hit it now
no