En quelques pas, nous voici transportés à Florence, au coeur des collections prestigieuses accumulées par ces banquiers devenus princes et papes, les flamboyants Médicis !
A Florence, au fur et à mesure que leur pouvoir s'affermissait, les Médicis se distinguèrent dans ce domaine comme les plus avisés des mécènes, et leur goût les fit passer à la postérité bien mieux que leur puissance politique ou leur fortune. Les premières acquisitions connues remontent à Cosme l'Ancien : celui-ci disposait d'un excellent orfèvre, Lorenzo Ghiberti, mais ce fût avec son fils Pierre le Goutteux, et ses petits fils Laurent Le Magnifique et Julien que la collection médicéenne de peintures, d'antiquités, petites et grandes, de bronzes antiques, de numismatique et de pierres gravées put atteint des sommets qu'on peine à imaginer.
La visite de l'exposition organisée par la Fondation Dina Vierny vaut vraiment le déplacement. On remonte le temps à travers les passions des membres successifs de cette famille princière, en croisant tour à tous de somptueuses statues antiques, comme la tête de cheval de bronze ou la statue de l'orateur, les tableaux de Rapahël (ici, à droite), Le Primatice, et surtout...Boticelli.
Je me suis pincée avant de réaliser que l'"Adoration des mages" était bien un vrai tableau - directement en provenance du Musée des Offices - et non une reproduction ! Quelle merveilleuse composition que ce groupe d'adorateurs vêtus sobrement et portant les offrandes à l'enfant-Jésus : des objets des collections Médicis, bien entendu. Il y a au centre, comme il sied au premier citoyen de la cité, le vieux Cosme, Pierre et Jean son frère et aussi Laurent, Julien, les érudits de la cour Politien et Pic de la Mirandole, et, nous regardant là, juste à droite, la blondeur de Sandro Boticelli lui-même, avec son manteau couleur terre de Sienne. Les détails des visages, leur modelé, le choix des harmonies de couleurs, si fraîches encore aujourd'hui...Un merveilleux tableau.
Vous admirerez aussi le portrait d'Eléonore de Tolède par Bronzino, vous remarquerez qu'à part sa guimpe de perles, elle ne porte autour du cou qu'un mince lacet.... les camées, le médailles, les châsses ciselées d'argent, les ex-votos de mosaïque de pierres dures, l'émouvant violoncelle fabriqué par le professeur de Stradivarius et Garnerius, les portraits en pieds - et tout en bijoux (leur dot, en fait) des deux reines de France, Catherine et Marie (ici, à gauche). On y apprend que Catherine - qui eut sept enfants - fut une très bonne mère qui faisait réaliser en permanence des portraits de ceux-ci au fur et à mesure de leur croissance et qu'elle en a conservé sept cents. Que Marie - qui introduisit Rubens - était aussi une très belle femme...
Tant de beauté émeut les esprits les plus blasés. Ici, on trouve le summum de l'art et de l'extraordinaire, comme ce manteau de plules rouges du Brésil ou ce collier de coquillages gravés ou cette écuelle Taïno - mais pas de Jacques Chirac en vue - ou ces trois cuillères en ivoire africain du XVIème siècle, d'une immuable modernité.
J'ajoute que les boiseries de chêne sculpté des cloisons font un parfait écrin à ces merveilles....
Au Musée Maillol, 61, rue de Grenelle 75007 Paris jusqu'au au 31 janvier 2011.
10h30 à 19h sauf le mardi. Entrée 11€