Théâtre Saint-Georges
51, rue Saint-Georges
75009 Paris
Tel : 01 48 78 63 47
Métro : Saint-Georges
Une comédie de Jean-Claude Islert
Mise en scène par Jean-Luc Moreau
Décors de Stéphanie Jarre
Avec Jacques Balutin (Mathieu), Thierry Beccaro (Frédéric), Eliza Maillot (Blandine), Morgane Bontemps (Sarah), Marc Bertolini (M. Schwimmer)
Ma note : 6/10
L’histoire : Quand Frédéric renverse un SDF avec sa voiture, il ne peut s’imaginer une seconde que sa vie va en être bouleversée.
Mais quand on est trop sûr de soi, Qu’on a menti à se femme en lui affirmant qu’on passait la soirée avec un homme d’affaires suisse pour li vendre sa société alors qu’en vérité on était avec sa maîtresse… Et surtout quand on ne peut pas imaginer qui est en vérité l’homme qu’on a renversé, la situation devient vite inextricable… mais irrésistible ! Et les mensonges n’arrangent rien… au contraire…
Mon avis : Un très joli décor signé Stéphanie Jarre nous introduit dans un bel appartement au design moderne, avec une grande baie vitrée qui surplombe sur les toits de la ville. Frédéric, accompagné de Sarah, sa maîtresse, particulièrement nunuche, est bien encombré par le SDF qu’il vient de renverser avec sa voiture. L’homme gît, inconscient, dans son salon. Persuadé que son épouse, Blandine, infirmière de son état, est au travail, il va tenter de le soigner et de s’en débarrasser avant qu’elle ne rentre de sa garde de nuit. Pendant que le pauvre hère est, semble-t-il, inanimé, Sarah en profite pour lancer un nouvel ultimatum à Frédéric pour qu’il quitte sa femme. Bien sûr, Mathieu, le SDF, qui feint d’être évanoui, ne perd pas une miette de la conversation. D’autant que, s’il est là, ce n’est pas tout-à-fait le fruit du hasard…
Dès lors, le ver étant dans le fruit, le calvaire du pauvre Frédéric ne va plus cesser de s’envenimer et de se compliquer. On tombe alors dans la pure comédie de boulevard avec quiproquos, mensonges en rafales, portent qui claquent, situations ubuesques…
Après un démarrage un peu mou du genou, on s’installe dans une comédie un peu simpliste qui se résume à une surenchère d’outrances. Dans la première moitié de la pièce, Jacques Balutin nous propose un jeu très exagéré, limite lourdingue avec mimiques dignes du cinéma muet. Heureusement, dans la seconde partie, son rôle lui permet de se monter plus fin, plus subtil, plus supportable. Thierry Beccaro, dont le jeu n’est pas remis en cause, jongle on ne sait comment avec des inventions plus énormes les unes que les autres. Les quelques bonnes réflexions qui y sont distillées sont hélas contrebalancées par des jeux de mots navrants.
En fait, cette pièce aurait dû s’appeler « Je vais t’expliquer… » plutôt que « C’est pas le moment ! », car le personnage campé par Thierry Beccaro passe son temps à s’ingénier à trouver des parades à toutes les situations dans lesquelles il s’enfonce inexorablement. Pendant que son cerveau en panique mouline pour trouver un argument, il temporise avec un penaud « Je vais t’expliquer ». A lui seul, ce gimmick nous fait rire car on se demande ce que le pauvre Frédéric va encore pouvoir inventer.
Il y a néanmoins d’agréables moments dans ce boulevard échevelé que les comédiens défendent du mieux qu’ils le peuvent. D’autant que le fond de l’histoire n’est pas si futile que cela… Thierry Beccaro confirme tout le bien qu’il nous avait laissé entrevoir dans ses précédents pièces. Eliza Maillot est toujours aussi pétulante et juste. Morgane Bontemps tire son épingle du jeu avec son personnage de gourdasse. Quant à Balutin, on l’a dit, il est en demi-teinte et il s’en sort dans la deuxième partie à partir du moment où il est moins dans la grosse farce.