Ce n’est plus l’œuvre qui est désordonnée, en morceaux, saccadée et torturée dans ce Biutiful âpre et fabuleux, mais Uxbal (Javier Bardem, charnel, intense et surdoué) – personnage central, homme de cœur mais à l’ambigüité troublante- du nouvel et surpuissant uppercut d’Inarritu. Le cinéaste lui colle à la peau, en ombre impitoyable, captant sueur, souffle et chair, bruits et pulsations, au milieu des bas-fonds de Barcelone, l’inscrivant au sein d’une misère sociale et au centre de thématiques actuelles difficiles (l’immigration, le trafic de clandestins, le monnayage d’individus). Poursuivant des leitmotivs qui lui sont chers (la culpabilité, le pardon, la maladie) dans une linéarité qui lui est étrangère, Inarritu réitère ses précédents exploits (Amours chiennes, 21 grammes) et effectue un travail d’orfèvre, tant au niveau du montage (nerveux, sous pression, anxiogène) que du récit (resserré, fin, cruel). Clairement, évidemment, simplement : Biutiful est beau. D’une beauté saisissante, d’une beauté dégueulasse, qui ne laisse aucun répit à personne. Il joue sur plusieurs tableaux, ne sacrifiant aucun de ses instants de vie (les sans-papiers sénégalais ou chinois, la relation fraternelle explosive, la difficulté d’élever ses gamins dans la pauvreté), faisant planer l’ombre des morts (avec ce soupçon de fantastique en plein cœur d’un réalisme froid), de la fatalité et de la punition divine sur la tragédie en cours. Uxbal est tiraillé (le bien, le mal), tétanisé (l’effroi, le désespoir) mais empli d’une force qu’il puise dans l’ouragan de vie qui l’entoure. Ses enfants d’abord (promesse d’innocence salvatrice), ses souvenirs ensuite (et des photos en échos du doux temps passé), ses sacrifiés enfin (les défunts qui rappellent aux vivants l’importance de se battre). Le combat est alors multiple : social, politique, humain, familial. L’enjeu, universel. L’émotion, maximale.
Ce n’est plus l’œuvre qui est désordonnée, en morceaux, saccadée et torturée dans ce Biutiful âpre et fabuleux, mais Uxbal (Javier Bardem, charnel, intense et surdoué) – personnage central, homme de cœur mais à l’ambigüité troublante- du nouvel et surpuissant uppercut d’Inarritu. Le cinéaste lui colle à la peau, en ombre impitoyable, captant sueur, souffle et chair, bruits et pulsations, au milieu des bas-fonds de Barcelone, l’inscrivant au sein d’une misère sociale et au centre de thématiques actuelles difficiles (l’immigration, le trafic de clandestins, le monnayage d’individus). Poursuivant des leitmotivs qui lui sont chers (la culpabilité, le pardon, la maladie) dans une linéarité qui lui est étrangère, Inarritu réitère ses précédents exploits (Amours chiennes, 21 grammes) et effectue un travail d’orfèvre, tant au niveau du montage (nerveux, sous pression, anxiogène) que du récit (resserré, fin, cruel). Clairement, évidemment, simplement : Biutiful est beau. D’une beauté saisissante, d’une beauté dégueulasse, qui ne laisse aucun répit à personne. Il joue sur plusieurs tableaux, ne sacrifiant aucun de ses instants de vie (les sans-papiers sénégalais ou chinois, la relation fraternelle explosive, la difficulté d’élever ses gamins dans la pauvreté), faisant planer l’ombre des morts (avec ce soupçon de fantastique en plein cœur d’un réalisme froid), de la fatalité et de la punition divine sur la tragédie en cours. Uxbal est tiraillé (le bien, le mal), tétanisé (l’effroi, le désespoir) mais empli d’une force qu’il puise dans l’ouragan de vie qui l’entoure. Ses enfants d’abord (promesse d’innocence salvatrice), ses souvenirs ensuite (et des photos en échos du doux temps passé), ses sacrifiés enfin (les défunts qui rappellent aux vivants l’importance de se battre). Le combat est alors multiple : social, politique, humain, familial. L’enjeu, universel. L’émotion, maximale.