Aucune société ne vit sans interdits ni sans rituels. Le plus souvent arbitraires et fondés sur rien, les usages leur ont quelquefois inventé des raisons objectives qui ne résistent pas à l’examen. Nous les avons tellement intériorisés qu’ils nous semblent “naturels”. Pourquoi se serre-t-on la main pour dire bonjour quand d’autres se frottent le nez ? Pourquoi le port de la cravate plutôt que celui d’une plume dans le postérieur ? Pourquoi la nudité, même à la plage, est-elle tabou hors endroits réservés ? Pourquoi est-il indécent, pour une femme, de laisser entrevoir ses dessous alors qu’en maillot de bain, sur la plage elle en laisse voir bien davantage ? …
Ces interdits évoluent. L’Eglise catholique a, par exemple, levé l’interdit sur la crémation de corps lors du concile Vatican II, en 1963 (alors que cela reste interdit par les orthodoxes, l’islam et le judaïsme), et depuis, cette pratique se généralise à rythme soutenu dans les pays où le catholicisme était fortement implanté.
De ce fait, les anciens rituels de l’enterrement rendus impossible sont été peu à peu remplacés par des discours des proches vantant les mérites du défunt devant le cercueil (en attente de la crémation), des musiques, qu’ils était censé apprécier.
La crémation dans nos pays, et à l’inverse des pratiques hindoues, peut être considérée comme dénuée de toute religiosité et affirmer une conception matérialiste de la vie. Elle ne peut pourtant faire l’économie de nouveaux rituels, tout aussi arbitraires que les anciens.
J’ai puisé cet exemple, parmi d’autres, dans un petit Que sais-je, “Sociologie de la vie quotidienne”, C. Javeau, 2003, dont je recommande la lecture, stimulante pour la réflexion.
- “Jacques Attali, expert en acquiescement”. Déchiffrages . *****
- Comme un lundi, les revues de blog d’Olivier, d’Armando, de Leunamme ainsi que le recueil de “blogs de gauche” d’Annie.
- “Retraites : les routiers pourraient durcir leur mouvement”. NouvelObs.