Alors que de nombreux Français battent ces derniers jours le pavé pour la réforme des retraites, d’autres revendications se poursuivent…
Depuis jeudi 7 octobre 2010, la CGT et plusieurs centaines de salariés sans papiers occupent une partie de la Cité nationale de l'histoire de l'immigration, qui demeure ouverte au public. Ils seraient près de 500 à occuper les lieux ; un chiffre confirmé par la Préfecture de Police de Paris. Mais pour combien de temps ?
Télérama explique :« Inaugurée en catimini il y a trois ans par un gouvernement qui a toujours boudé ce lieu, la Cité de l’immigration, Porte Dorée, à Paris, vient de recevoir un baptême inattendu […] Ambiance bon enfant, baby-foot et jeux de cartes : par petits groupes, des travailleurs sans papiers africains, chinois et pakistanais discutent sous les immenses fresques de l’Expo coloniale de 1931, glorifiant la mission civilisatrice de la France. »
Sacko Fousseni, 28 ans, l’un des porte-parole du mouvement, explique les raisons de cette action :
« Nous avons accepté de lever le camp, à Bastille après l’accord du 18 juin dernier avec le ministère de l'Immigration. Les préfectures devaient faciliter la régularisation par le travail, notamment des intérimaires et employés à domicile. A la suite de cet accord, arraché après huit mois de grèves et d’occupations d'entreprises, nous avons déposé 1 800 dossiers pendant l’été. Jusqu’à présent, seuls 58 cas ont été réglés et ont donné lieu à des autorisations de séjour provisoires. » Au cabinet d’Eric Besson, on répond que « bon nombre de dossiers sont incomplets ». Télérama souligne : « Fiches de paie ou preuves de séjour en France sur les cinq dernières années sont réclamées : pas facile, évidemment, pour les sans-papiers de fournir des preuves écrites quand beaucoup sont employés au noir par des patrons, souvent sous-traitants par ailleurs de très grands groupes. Sacko Fousseni a ainsi travaillé depuis quatre ans sur des chantiers Bouygues et Veolia. »
La direction de la Cité refuse d’envisager une évacuation policière tandis que Jacques Toubon, président du Conseil d’orientation du musée, activerait ses réseaux au gouvernement pour résoudre la situation. Télérama indique même qu’une bonne partie du personnel de la Cité, issue de la gauche associative, regarde cette occupation avec la plus grande bienveillance… Depuis l’occupation, la Cité ne désemplit pas et la fréquentation dépasserait même celle des Journées du Patrimoine, où sans papiers et visiteurs se mêlent pour découvrir ensemble l’exposition permanente. N'est-ce pas cela un musée vivant, un musée-forum ? Avec son inscription en façade, le Palais de la Porte Dorée semble incarner le lieu idéal pour ces revendications : « A ses fils qui ont étendu l’Empire de son génie et fait ainsi aimer son nom au-delà des mers, la France reconnaissante »
Depuis son ouverture, ce musée controversé n’a pas fini de faire parler de lui. Et vous, que pensez-vous de cette occupation ? Le débat est vif en tout cas sur la page Facebook de la Cité, alors que les médias semblent bouder cet événement sans précédent…
Pour aller plus loin :
L’article de Télérama : http://www.telerama.fr/idees/des-centaines-d-immigres-sans-papiers-a-la-cite-de-l-immigration,61386.php
L'article de Rue89 avec différents portraits des grévistes : http://www.rue89.com/2010/10/15/avant-la-regularisation-jours-tranquilles-dans-la-cite-occupee-171012
Sur Google : http://www.google.com/hostednews/afp/article/ALeqM5iX4KdXSUEi9OuBIYZ97a8Y-8UvIg?docId=CNG.9224c6e963143081c855b81e0f82dded.2d1
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