Comme le souligne Pierre, on n’est pas près d’avoir des Velib au Kremlin-Bicêtre. J’en connais qui vont devoir continuer à prendre leur vélo personnel pour venir boire un coup à la Comète.
Pour ceux qui s’en foutaient ou ne connaissaient pas le problème, je vais résumer ce que j’ai compris. La ville de Paris a conclu un marché (un contrat) avec la société JC Decaux pour la mise à disposition et la gestion des Vélib. Si on étend ce contrat aux communes voisines, ça ne peut être fait que sans mise en concurrence, or une mise en concurrence est nécessaire pour tout marché public.
On l’a donc dans l’os (à moins que le Conseil d’Etat dise : « on s’en fout », mais ça serait surprenant). La société concurrente de JC Decaux a porté plainte, ce qui est son droit. Les candidats aux municipales en petite couronne vont brailler sur ce dossier, ce n’est pas ce qui le fera avancer. Dans sa conclusion, Pierre se moque d’ailleurs de Pierre-Christophe Baguet, candidat UMP à la mairie de Boulogne-Billancourt, qui a fait des promesses bidon sur le sujet.
Dans la suite de la conclusion, il tape aussi sur Bertrand Delanoë, ce qui est de bonne guerre : « En attendant, peut-être que les Parisiens sont satisfaits de leur maire qui leur fournit des Vélib sans consultation avec les Conseils Généraux voisins et le Conseil Régional, mais moi je ne le suis pas. » Je ne suis pas d’accord… pour deux raisons, la première est idiote mais s’il avait fallu consulter tout le monde, le projet n’aurait jamais pu être réalisé à temps (c’est-à-dire au cours de l’été qui a précédé les prochaines élections municipales… et l’automne qui a suivi les présidentielles… et les grèves qui vont avec pour parachever la satisfaction des utilisateurs du Velib).
La deuxième raison est plus compliquée et ça me fatigue déjà d’imaginer son explication. C’est pourtant bien simple. Les libéraux et bâtisseurs de l’Europe ont érigé en idéal politique un principe : la concurrence. On retrouve ça au niveau des règles qui régissent les collectivités territoriales.
Ces gogos auraient pu penser que la concurrence n’est pas un objectif en soi, mais, éventuellement un moyen pour faire baisser les prix et améliorer le service au gens dans certains cas. Pas toujours !
Par définition ou presque, la concurrence est contraire au service public… et le Velib est bien un service public au moins dans la mesure où il implique un monopole sur un territoire. Pour les Velib un contrat hyper compliqué a été mis en place, à la méthode JC Decaux : on va des abribus aux affiches publicitaires en passant par les colonnes Morris et autres Velib. On est bloqués ! C’est tout un système qu’il faudrait dynamiter (les Vélib et JC Decaux ne sont que des exemples)… pour différencier ce qui doit ou peut être du secteur concurrentiel de ce qui doit être gérer par les collectivités territoriales.
Par exemple, l’entretien des vélos peut-être confié à des boites privées, sur appels d’offres, … Ce n’est pas le rôle de la Mairie de Paris de réparer des chambres à air ! Pareil pour l’entretien des stations, le transport des vélos d’une station à une autre, la gestion de la facturation, … Tout cela permettrait d’avoir plusieurs fournisseurs, de faire vraiment marcher la concurrence entre eux, … mais nécessiterait que la gestion globale soit du ressort d’un échelon administratif territorial quelconque. Pas d’une boite privée gigantesque…
Je résume : Bertrand Delanoë et sa bande de joyeux administrateurs de Paris a confié la gestion du Vélib à une unique boîte privée qui assure le monopole d’un service public, au nom de la concurrence.
Grotesque.
Renforcer la concurrence pour lui faire rendre les services voulus (baisse des prix) ne peut se faire qu’en mettant en place un service public fort pour en assurer le contrôle, pas en pondant des directives Européennes stupides et des nouvelles constitutions guignolesques.