Entre l’Hôtel de Ville et Saint-Paul, à la Cité des Arts, se trouve en ce moment une exposition de photos et vidéos en forme d’échange culturel : les artistes russes peignent la France, les Français la Russie.
Côté Moscou, beaucoup de belles choses. Les immeubles soviétiques côtoient les berges de la Volga, le massif gris regarde l’éphémère vert. Souvent les hommes sont dérisoires au regard de leur propre création. Un immense escalier avale l’enfant qui grimpe ; un gigantesque triptyque bleu et blanc donne à voir des façades d’immeuble qui semblent engloutir la vie qu’elles accueillent (Stéphane Couturier). Le paysage urbain de Moscou est autonome. Ci-dessous une photo de Thibaut Cuisset, Sans titre, Moscou été 2007.
Cependant, il est possible d’y effectuer des trouées. Sandrine Elberg imagine des autoportraits moscovites : paysages et figures y sont conviés (photo ci-dessous). Luc Boegly photographie quant à lui les berges de la ville et les lieux qu’elles abritent : parc, église, immeuble…
Côté Paris, c’est moins excitant. Entre les Doisneau revisités pour la énième fois – si on assistait à des scènes de ce genre aussi souvent que la photographie nous y invite, ça se saurait -, et les vues de la Tour Eiffel les cheveux au vent, on peine à trouver de l’originalité. Deux artistes pourtant accrochent l’oeil. Dmitry Bulnigyn dispose côte à côte des images d’anonymes sortant du métro, à la recherche de types et de ressemblances. Le résultat est impressionnant et hilarant ! Julia Bychkova part elle en quête de lieux touristiques ou disons très « parisiens » vides, dans Cardboard Paris 2005. C’est très surprenant. Tout à coup, des endroits si familiers, piétinés par des dizaines de centaines de personnes tous les jours, nous sont offerts au prisme d’une couleur extrêmement différente. On voit ces lieux de manière renouvelée, grâce à la photographie.
Une belle exposition, qui a le mérite non négligeable d’être gratuite. Feuille de presse ici.