Résumer la carrière de Barbara Billingsley, c’est aussi rappeler un parcours « classique » de comédienne. Passionnée par le théâtre dés l’adolescence, formée sur les scènes de Broadway, contractée par un studio de cinéma (autant pour ses qualités d’actrice que pour sa silhouette de modèle), elle va petit à petit devenir une habituée des seconds rôles et des apparitions avant d’interpréter pour la télévision un de ces personnages qui sont devenus des icônes de la sitcom et qui resteront encore longtemps des références dans les réunions de scénaristes.
La télévision fait très tôt appel à elle, dans les années 1950 (elle a déjà plus de trente ans mais la télévision commerciale, elle, vient tout juste de démarrer). Ce sont d’abord de tout petits rôles, à peine des apparitions, mais dés 1953 elle est la vedette de téléfilms des séries « Anthology » qui sort alors fort à la mode. Elle est par exemple au premier plan dans des épisodes du Pepsi-Cola Playhouse (un épisode dans lequel joue également Tony Randall) du Four Star Playhouse (aux côtés de David Niven), du Schlitz Playhouse of Stars ou encore du Cavalcade of America. Ce sont là seulement les « plus grands » rôles de ses débuts télévisés, mais Barbara est aussi au générique d’épisodes de séries comme The Lone Wolf ou City Detective.
Son premier rôle récurent ne tarde pas. En 1955 elle est la maman de la sitcom Professional Father, un programme qui ne tient hélas pas plus de six épisodes. Hélas ou heureusement, car Barbara Billingsley est encore choisie quelques mois plus tard (et après être apparue encore dans plusieurs programmes) pour être une autre maman dans une autre sitcom qui, elle, restera à l’antenne et dans les mémoires. C’est June Cleaver de Leave It to Beaver, une série qui ne connaîtra pas un grand succès critique peut-être parce qu’elle est assez classique, mais qui sera assurément un succès d’audience (après quand même un début difficile et un changement de diffuseur) et durera six saisons, certainement parce qu’elle est adorable.
La voix en moins, son personnage a tout d’une Marge Simpson, même le collier de perles, et elle est comme elle la parfaite ménagère moyenne américaine de moins de cinquante ans mère de famille. Également comme Marge trente-cinq ans plus tard, June Cleaver est la maman d’un petit garçon très spécial (quoique très différent de Bart). Une fois la série arrêtée, Barbara va se tenir éloignée des caméras : difficultés à trouver des rôles où on ne pense pas à elle apportant un plateau d’orangeade et envie de profiter un peu de la vie. Et quand on la revoit vraiment sur un écran, c’est en 1980 (elle avait fait un petit cachet en 1971 sur la série The F.B.I.)…
La scène est évidemment tirée du film Airplane ! et elle marque un nouveau départ de la carrière d’actrice de Barbara. Durant les années 1980 elle est régulièrement invitée dans des épisodes de série, mais tourne aussi et aussi des téléfilms (pas les plus flamboyants). Mais elle est encore June Cleaver. D’abord dans Still Beaver qui remet en selle et en scène la petite famille (un peu remaniée), mais aussi dans d’autres séries où ce même personnage apparaît le temps d’un épisode, preuve de son énorme popularité. Comme elle nous l’a montré dans la séquence précédente, Barbara sait aussi donner de la voix et au début des années 1990, elle va la prêter à un personnage du dessin animé Muppet Babies qui lui vaudra deux sélections pour un « Daytime Emmy » qui sont curieusement les deux seules vraies récompenses de sa carrière. Durant cette décennie, elle viendra en renfort dans des épisodes de séries et par exemple, les fans de Parker Lewis can’t lose la découvrent en maman de Musso.
À défaut de prix ou de statuettes, Barbara Billingsley s’est hissée dans le Top 10 des « TV Moms » (parce qu’il faut un classement à tout dans ce monde). Elle a été mariée trois fois, elle a vécu quatre-vingt-quinze ans jusqu’à hier et elle restera pour des siècles dans les archives de la télévision.
J.B.
L’article (en anglais) annonçant la mort de l’actrice sur le site du New York Times