On pourrait écrire un paquet de notes avec ce titre, tiens.
Mais puisque je sors de la station Concorde, ornée de ces magnifiques barrières automatiques qui font gagner 1,5 seconde rendent la vie joyeuse, je me suis dit que je pouvais prendre un peu d’avance.
Donc.
Prenons un pari simple.
Dans 20 ans (mais peut-être avant), on trouvera incroyable que les quais du métro aient pu un jour donner directement sur la voie, avec tous les risques bla bla bla, le métro qui déboule à 30 km/h à quelques cm des voyageurs, vous imaginez, non mais c’était complètement dingue, quelle époque !
Bien sûr il n’y aura pas eu de débat sur le sujet – c’est l’évidence, non?
Je n’aurai jamais l’occasion d’avancer que l’argent utilisé pour sécuriser (berk) les voies aurait pu être employé autrement. Je ne pourrai pas, par exemple, évoquer de statistiques sur le nombre infime d’accidents hors suicides (et déjà quand je dirai "hors suicides" on me lynchera). Je ne pourrai pas avancer que tout ce qu’on déshumanise au nom de ma sécurité ne peut qu’accroître le nombre de suicides, et que s’ils ne se jettent pas sous les trains les gens se suicideront ailleurs.
Je ne pourrai pas parce qu’on m’opposera illico l’exemple de Machin(e), tombé(e) sur la voie, et la douleur de la famille, et le traumatisme du conducteur, alors évidemment j’aurai l’air d’un con parce que je comprends l’horreur, et le temps de l’émotion je penserai sans doute moi-même que je suis un immonde salaud d’imaginer un instant ne pas considérer la Sécurisation du monde comme hautement prioritaire.
Voilà.
Ce jour-là, je ressortirai ce billet, et bien malin qui sait ce que j’en penserai.
(En écrivant ça je sens bien que je suis déjà un immonde salaud)