PARIS – «Le décalage horaire, ça fait de belles veillées!», a lancé d'entrée de jeu aux spectateurs de la petite salle du Divan du Monde, située en plein Pigalle, Louis-Jean Cormier, le chanteur et guitariste de Karkwa.
«Hier soir, on a joué en Suisse et on s’est enfargé dans une bouteille de Calvados. Que voulez-vous, on est heureux dans notre décalage!», a-t-il plaisanté devant quelques admirateurs français et québécois, et des spectateurs qui ne connaissaient pas du tout le groupe. « Quelle bonne surprise! J’ai beaucoup aimé », s’est enthousiasmé Morgane. « Décidément, la scène montréalaise est active! Et en plus, ils sont sympas ces gars-là. Ils ont de l’humour, une incroyable énergie, du bon rythme et des textes en français qui plus est! »
Invité à participer au Festival MaMa, le festival des musiques actuelles, Karkwa a, en effet, offert tout un spectacle aux Parisiens. Les cinq musiciens de Montréal ont donné tout ce qu'ils avaient à donner. Il faut dire que cette prestation avait aussi un côté séduction pour présenter les chansons de leur album «Les chemins de verre», malheureusement pas encore distribué ici en France.
«Le public était assez réceptif et aussi très analytique. Mais certains connaissaient quand même nos chansons du dernier CD, se réjouissait Louis-Jean Cormier, à sa sortie de scène. Nous, on vit complètement avec ces tounes, on est dans ce monde-là. En fait, c’est comme si nous étions dans le film «Retour vers le futur». On est revenu dans le passé, à l’époque où nous les présentions aux Québécois», a-t-il souri.
Meilleur groupe rock francophone du monde
Enchaînant les chansons, de «L’acouphène» à «Moi-Léger», en passant par «Les chemins de verre», leur spectacle sonnait comme une tonne de briques. Louis-Jean Cormier, Julien Sagot, Martin Lamontagne, François Lafontaine et Stéphane Bergeron étaient, comme à chaque concert, en symbiose et semblaient avoir toujours autant de plaisir à jouer ensemble. «Je pense que c’est plus intéressant de les voir « live », a confié Élise, une jeune Québécoise vivant à Paris depuis déjà plusieurs années, et à qui sa soeur avait offert des billets pour voir Karkwa ce soir. «C’est un groupe sympathique aux personnalités fortes et originales. C’est une bonne surprise pour moi, vraiment.» Rien d’étonnant à ce que le public du Divan du Monde ait apprécié ce spectacle, car ici, en France, on dit, et plus particulièrement «Les Inrocks», le mythique magazine de musique, que Karkwa est l’un des meilleurs groupes rock francophones du monde connu. En tout cas, ce qui est sûr, c’est que parmi les soixante invités au Festival MaMa, Karkwa a été le seul groupe à chanter en français!
«On se retrouve isolés»
« Venir jouer en Europe, c’est un incontournable et c’est divertissant aussi, a admis Louis-Jean Cormier. Ce n’est pas si important pour nous de conquérir l’Europe, mais c’est un semblant de nécessité pour rejoindre de nouveaux admirateurs.» Pour lui, Karkwa, qui n’arrête pas de tourner ces dernières années, «a le goût de faire des albums et de poser un peu ses valises.» Ce qu’il fera d’ailleurs pendant les trois prochains jours, puisque le groupe ne remontera sur scène que jeudi prochain en Bretagne, puis en Normandie, en Belgique et enfin, le 24 octobre prochain en Suisse. Et comme Karkwa compose sur la route, au gré des tournées, ces trois jours seront l’occasion pour les cinq gars de noircir quelques pages d’écriture. «Là, on se retrouve isolés de notre routine, c’est en général, un moment privilégié pour écrire», a confié le chanteur. Alors à la question, un cinquième album est-il déjà mûri? Louis-Jean Cormier a déclaré en riant «Il est déjà prêt!» En réalité, lors de la production des «Chemins de verre», le groupe avait eu l’idée de sortir deux CD. Du coup, il dispose de matériel. «Mais vous savez, c’est un long processus. Et on va s’y remettre, réfléchir et composer encore. Bref, rien n’est encore calé», a-t-il dit.
Article "Karkwa, du vrai bonheur" de Corinne Sorin, Canoë, le 16-10-2010