Catherine Doré
Éditions De Mortagne
528 pages
Résumé:
Que se passe-t-il donc sur le campus de l'Université Laval ? Pourquoi de jeunes amateurs de jeux vidéo meurent-ils l'un après l'autre dans des circonstances étranges et inexplicables? Vague de suicides ? Meurtres déguisés ? Dans un laboratoire, on teste des drogues pour le bénéfice d'un commanditaire qui doit à tout prix tenir son identité secrète. Afin d'alimenter en cobayes ce mystérieux bailleur de fonds, des recruteurs rôdent dans les arcades à la recherche d'élèves présentant les caractéristiques utiles aux expériences en cours. Aux prises avec un trouble de stress post-traumatique, Marie-Paule Chevalier se retrouve à nouveau au coeur du cyclone. Son ami, le sergent-enquêteur Simon Bernard, sera encore une fois à ses côtés. Mais l'aide qu'il lui apportera mettra sérieusement en jeu son avenir au sein de la police de Québec. Ce thriller scientifique, qui se déroule à un rythme trépidant, vous entraînera dans l'univers fascinant de la recherche expérimentale en neuropsychologie. Lorsque vous tournerez la dernière page, vous vous poserez la plus angoissante des questions : Et si c'était vrai ?
Mon commentaire:
S'il y a une auteure de thriller que j'aime beaucoup, c'est bien Catherine Doré. J'avais été captivée par L'exécuteur, un premier roman intense se déroulant dans un cadre enchanteur. Morts virtuelles reprend les mêmes personnages. Nous retrouvons Marie-Paule aux prises avec un trouble profond de stress post-traumatique. Les événements qui se sont déroulés dans L'exécuteur ont mis sa santé à rude épreuve. Chaque journée est un obstacle à affronter et elle doit apprendre à surmonter ses peurs. D'abord à petits pas, avant de recommencer à vivre presque normalement. Elle suit des cours à l'université pour se réapproprier sa vie, lorsqu'elle rencontre Jean-François, un homme qui lui plaît et de qui elle suscite énormément d'intérêt. Tous se complique lorsque l'enquête sur laquelle travaille Simon, un de ses amis, semble croiser la route de Jean-François...
Les thrillers de Catherine Doré sont toujours fortement documentés. Elle s'intéresse à la psychologie et à toutes ses ramifications. Elle ne se contente pas d'une histoire facile qui repose uniquement sur l'intrigue. Certes, ses intrigues sont très intéressantes, mais elle a selon moi une grande force: celle de jumeler une bonne intrigue à un contenu informatif captivant. Cerains de ses personnages oeuvrent comme professeurs ou chercheurs à l'université et dans une clinique privée et elle les utilise pour nous apprendre de nombreuses choses sur la psychologie et la neuropsychologie, sur le rôle et le pouvoir des émotions sur les humains ainsi que de l'information sur certaines maladies et sur l'effets de différentes drogues sur l'organisme. Le tout est habilement intégré à l'histoire.
L'aspect scientifique est très présent, puisque c'est l'essentiel de l'histoire. Deux personnages sont au coeur de l'intrigue scientifique: Jean-François qui oeuvre dans un laboratoire de recherche de l'université et travaille à son mémoire; et le docteur de Sévigné qui a fait beaucoup pour les enfants, mais dont les méthodes de recherches peuvent être amplement contestées. Les deux travaillent sur la psychologie et les émotions de leurs sujets. C'est l'occasion pour l'auteur de démontrer les différentes approches scientifiques sur un même sujet, à travers ses personnages, et de mettre au jour les secrets qui se cache derrière les façades, ainsi que la façon dont les recherches peuvent être perçues et comprises par les non initiés. Le sujet est complexe et très intéressant. C'est un roman qui suscite des questionnements.
Morts virtuelles est un roman captivant, bien écrit, dont l'auteur maîtrise parfaitement les sujets qu'elle aborde. C'est un roman qui offre à la fois suspense, enquête policière, thriller scientifique et roman d'anticipation. Les recherches de ses personnages sur l'hyperhumanité donnent froid dans le dos et c'est principalement cette sensation de réalité qui nous donne le frisson... Un excellent roman, parfaitement maîtrisé.
Vivement le prochain roman de Catherine Doré!
Quelques extraits:
"Je n'ai vécu qu'une année à la campagne, mais cette année a inscrit en moi des odeurs, des couleurs, des sons et une certaine allégresse qui y resteront à jamais. La maison du 112, rue du Chanoine, devient peu à peu à la foi la représentation de mon pire cauchemar et le symbole d'un bonheur perdu. Lorsque j'y suis arrivée, il y a trois ans, j'avais une petite famille, soit un chum et un chien, je commençais une carrière d'écrivaine, mon père était vivant, et mes yeux pleins d'espoir concevaient l'avenir comme un jardin de roses. Des roses, il n'en est resté que les épines. Et bien que ce lieu recèle l'odeur exsangue des malheurs qui se sont abattus sur moi, j'y retrouve encore le doux enivrement de ce que j'ai perdu: une vie paisible et en harmonie avec la nature." p. 204
"Voici une nouvelle race, supérieure en tout point, mieux adaptée à son environnement, et qui façonnera le monde de demain à son image. Dans chaque secteur de production de la société, dans tous les milieux de travail, elle sera l'avant-garde du néoproductivisme. Des super consommateurs, avisés et efficaces, capable de choisir parmi la multitude de produits qui s'offriront à eux. Qui donnera le ton des pressions à la performance dans tous les secteurs industriels et les services, effectuant le tri entre ceux qui accéderont à l'hyperhumanité et ceux qui disparaîtront, incapables de s'adapter aux nouvelles conditions de vie." p. 467