En 1995, lors du mouvement social de grande ampleur, le "moteur" de la contestation avait été les cheminots: bloquer les transports en commun paraissait le levier le plus puissant pour peser dans la bras de fer qui opposait la contestation et le gouvernement.
Aujourd'hui, dans le mouvement actuel, c'est le blocage des raffineries et des dépôts qui semble le moyen de pression le plus efficace.
Quinze ans après, il y a eu donc un glissement qui mérite qu'on s'interroge. Certes, on peut l'expliquer par un affaiblissement du poids des cheminots comme force de contestation. On peut aussi y voir une autre explication : le pétrole, l'essence devient, de plus en plus, un enjeu stratégique, vital pour les entreprises et les individus.
La proportion de déplacements en voiture individuelle a augmenté alors que la part de déplacements en transports en commun a baissé. Les entreprises construisent des stratégies entrepreneuriales autour de la "facilité" des déplacements en camion ou camionnette, de leur "faible" coût.
En utilisant le risque de pénurie de pétrole comme un moyen pour peser dans la négociation, le mouvement social démontre l'enjeu de plus en plus important que constitue le pétrole dans nos sociétés.