J'ai trouvé cette lettre de St Paul dans les lectures de la semaine. Elle m'a inspirée parce que j'en ai un peu assez en fait de voir ici et là, toujours les mêmes recommandations envers les croyants. On reste (voire à certains moments on est de plus en plus) dans un schéma de "fais pas ci, fais pas ça", "pour être un bon chrétien, que dis-je catholique, faut faire ça" sous peine d'être vite taxé d'hérétique, voire pire: de "protestant"! Moi ça me fait halluciner et hurler. D'une part, parce que quand je lis justement St Paul, j'y lis plutôt une liberté du croyant. Et d'autre part, à mon âge (ok, j'ai la petite trentaine, je ne suis pas encore vénérable), j'estime quand même que je suis assez grande pour être adulte dans ma foi. Il y a des jours où j'en ai marre d'être infantilisée par les "fais pas ci, fais pas ça" religieux. Je ne dis pas que je les rejette, je pense simplement qu'à un moment il faut un peu laisser à chaque baptisé la liberté d'exprimer la Charité, sa foi en Dieu.
" Ga, 1-6) Frères, si
le Christ nous a libérés, c'est pour que nous soyons vraiment libres. Alors
tenez bon, et ne reprenez pas les chaînes de votre ancien esclavage.
Moi, Paul, je vous le déclare : Si vous recevez la circoncision, le Christ ne
vous servira plus à rien. Et je l'atteste encore une fois : tout homme qui
reçoit la circoncision est obligé de mettre en pratique la loi de Moïse tout
entière. Vous qui pensez devenir des justes en pratiquant la Loi, vous vous
êtes séparés du Christ, vous êtes déchus de la grâce.
Mais c'est par l'Esprit, en vertu de la foi, que nous attendons de voir se
réaliser pour nous l'espérance des justes. En effet, dans le Christ Jésus, peu
importe qu'on ait reçu ou non la circoncision : ce qui importe, c'est la foi
agissant par la charité".
Rapide résumé pour mes lecteurs qui, comme moi, ne connaissent pas par cœur la vie de St Paul et ses tribulations. St Paul ferait état dans cette lettres aux Galates (La Galatie est au cœur de l’actuelle Turquie, à l’ouest de la Cappadoce) de la situation rencontrée au cours de ses rencontres avec les communautés nouvelles à Antioche, Derbé, Lystres et Iconium. (où il vient de se faire lapider, mais ça c'est une autre histoire) Dans ces régions païennes, les personnes qui venaient écouter Paul et éventuellement se convertir n’étaient donc pas des Juifs. D’où la question récurrente : pour croire dans le Royaume de Dieu, faut-il d’abord être Juif et adhérer aux Lois juives ou peut-on être « chrétien » sans se faire circoncire et manger casher ? Ce fut un sacré bazar qui a conduit Paul et Barnabé jusqu’à Jérusalem pour défendre ses positions (Actes, Chap 15). En effet, certaines personnes enseignaient à Antioche le fait que « Si vous ne vous faites pas circoncire suivant l’usage qui vient de Moïse, vous ne pouvez être sauvés » (Actes, 15, 1) . On peut comprendre que les païens qui avaient l’habitude de rentrer librement dans les synagogues et temples pour entendre ce qui se disait et étaient attirés par la parole de Dieu, n’aient pas pour autant envie d’y laisser un bout de peau.
Cela allait plus loin puisque l’on accusait Paul de brader en quelque sorte la religion juive, juste pour gagner des païens. C’est pourquoi, Paul, au début de sa lettre aux Galates, s’énerve un peu et répond « est-ce la faveur des homms, ou celle de Dieu que je veux gagner ? Est-ce que je cherche à plaire à des hommes ? Si je voulais encore plaire à des hommes, je ne serais plus le serviteur de Dieu »
Parce que ce qui intéresse Paul, n’est pas tant un bout de peau coupé ou de manger casher, mais de vivre la Parole de Dieu, en liberté. Pour Paul, nous sommes sauvés parce que nous croyons en Jésus Christ et non parce que nous suivons des Lois. Le Christ vit en nous et il n’a pas besoin de la loi pour y être. Cela ne veut pas dire que Paul rejette la religion juive, bien au contraire. Dans l’Epître aux Romains, il dit bien que juifs et païens ont le même Seigneur et même Dieu et les nouveaux chrétiens ne seraient pas là si le peuple juif n’avait pas été fidèle à Dieu. Pour Paul, et c’est ce qui est important ici, c’est l’immense liberté que donne la foi au Christ. La foi que l’on peut avoir en Dieu, en Jésus nous transcende et transcende les lois. On n’a pas la foi parce que l’on se fait couper un bout de peau, mais on a la foi par l’action de l’Esprit Saint. C’est une nouvelle conception très libératrice je trouve de la foi qui est lié chez St Paul à l’espérance et à la charité (Amour) et c’est justement le fait d’aimer et d’espérer qui manifeste que notre foi est bien vivante. Pas de manger casher pour ceux qui ne le faisaient pas avant. Circoncis ou pas, ce qui compte c’est notre foi en Dieu.
Cette épitre de St Paul m’interpelle beaucoup aujourd’hui
parce que je sens que l’Eglise est traversée par ce même genre de controverses.
Est-ce que ne pas aller à la messe le dimanche fait de nous de mauvais croyants ?
Est-ce que le fait de respecter certains rites fait de nous de meilleurs
catholiques ? Est-ce que ceux qui osent penser un chouïa différemment sont
des hérétiques que l’on brûle illico sur un buché bien organisé par les
bien-pensants ? Est-ce que dialoguer avec les autres religions fait de
nous des personnes qui bradent leur foi ?
(Illustrations tirées de "Ma circoncision" de Riad Sattouf)