On avait repéré l’an dernier déjà Thomas Savy dans le nonet de David El-Malek qui s’était produit à Pibrac, toujours dans le cadre de Jazz sur son 31. Son disque n’était pas non plus passé inaperçu. Physiquement d’abord, plus grand d’un tiers environ qu’un CD ordinaire, et puis, difficile de passer à côté de ce clarinettiste basse et de son trio basse, batterie, clarinette pour lequel il avait engagé Bill Stewart et Scott Colley (‘xcusez du peu). Hier soir, sur la scène, très réussie par ailleurs du nouvel Automne Club, il se produisait avec son «véritable» trio, entendez Stéphane Kerecki à la contrebasse et Fabrice Moreau à la batterie. Le son feutré de la clarinette basse participait fortement au déroulé tout en douceur des morceaux qu’ils ont enchaînés dans le même ordre que sur le disque: «Ouverture», suivi de «Ignition», suivi de «Atlantique Nord»… C’est-à-dire que ce projet se présente en différentes parties, quand bien même il n’est pas narratif. Je m’arrête un instant sur «Stones», où le pourquoi de ces pierres, vues de la mer, qui affleurent en tout temps. Ça ressemble presque à une balade qui s’accélère et danse la clarinette comme dans «Soweto Sorrow» du trio Romano, Sclavis, Texier. Car le trio de Thomas Savy ne peut pas ne pas faire penser à celui-ci. Mêmes instruments, mêmes sonorités et, dans les deux projets, ces très belles phrases. Pour «Stones», cette lente composition, on imagine volontiers le repère nautique que constituent ces pierres et l’arrivée sur la terre ferme.
Le trio enchaîne ensuite avec «Ballade de Stephen Edward», clin d’œil plein d’admiration à Steve Potts, au free et au blues. Ajoutons Duke Ellington et John Coltrane, dont il reprend respectivement «Come Sunday» et «Lonnie’s Lament», sa formation de musicien classique et tout est dit. On se retire sans bruit pour ne pas gâcher cette impression de doux écrin.
Gilles