ADIEU ALAIN
Nous nous sommes rencontrés et avons très vite symphatisé en 2004, dans le Nord-Isère, autour de ta malicieuse et décalée exposition des Petites musiques de bruits. Ce titre en dit d'ailleurs long sur ton humour pince sans rire, ton parcours en dehors des circuits "bien sages", ton attirance pour des créations toutes en détournements.
Un autre titre de l'un de tes disques est "Ton Dieu ne s'appelle t-il pas Ego ?, tout un programme à la sauce De Fillipis qui
disait tu "...s'amuse à titiller l'acuité auditive des bien-entendants..." (et des bien-pensants ?).
Puis nous nous sommes croisés à nouveau il y a deux ans, au feu festival "Sonorama" à Besançon, où tu faisait chanter des platines en espiègle DJ Archaïk dans des Phonoparades délirantes qui enchantaient grands et petits.
Nous avons une fois encore refait la Monde. Un Monde plein de sons et de machines délirantes, un Monde de collectionneurs de sons et de ressources sonores, mais aussi un Monde de longues routes, souvent bien solitaires à installer dans des conditions parfois difficiles tes machines de Géotrouvetout sonores.
Nous devions nous revoir il y a quelques mois sur une rencontre nantaise, ta ville d'attache, où tu m'appris que très fatigué par cette méchante maladie qui finalement t'emporta, tu ne pourrais nous rejoindre.
Mais se dit on, ce n'était que partie remise. A très bientôt.
Et elle fut belle et bien remise, car tu nous a quitté le 16 septembre dernier.
Et tes machines et platines demeurent aujourd'hui muettes, orphelines.
Et des multitudes de documents, de recherches, d'histoires qui devaient donner naissance à un livre, à des DVD roms, à des conférences autour des "Aventuriers du son" sont désormais en quête de repreneurs qui poursuivraient et peut-être éditeraient ton histoire.
Compositeur hors sentiers battus, maniant aussi bien la platine, l'ectroacoustique que la récupération bricophonique, tu laisses un grand vide dans le monde des faiseurs, ou chercheurs de sons comme dirait l'ami Gérard Nicollet. Mais au-delà de tes audaces sonores, de tes clins d'oeil et révoltes contre certains systèmes culturels, c'est la chaleur de tes conversations, ta gouaille sympathique, ces instants d'humanité teintés de douces utopies que nous avons partagés ensemble qui me manqueront le plus.
Je n'aurais malheureusement pas eu le temps, comme nous en avions parlé, de faire avec toi un entretien, de t'entendre
raconter un peu de ta façon de tricoter et de tordre la chose sonore, avec ton humour tout en finesse, de conserver un bout de parole, une trace sonore, dans un coin desartsonnants.. Dommage
!
Pour nous souvenir de ton énorme travail, reste le site Granuvox, où tu parlais de tes travaux, mais aussi des "aventuriers du son" au travers de nombreux liens collectés au fil des rencontres.