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Premières impressions sur le concours international de piano Jazz Martial Solal 2010

Publié le 16 octobre 2010 par Assurbanipal

Concours de piano Jazz Martial Solal.

Un concours international de la ville de Paris.

Paris du samedi 16 au dimanche 24 octobre 2010.

Martial Solal

La photographie de Martial Solal est l'oeuvre du Distingué Juan Carlos HERNANDEZ.

Quatre ans après le concours 2006, me voici à l'édition 2010 du concours international de piano Jazz fondé et présidé par Martial Solal.

Sur 53 candidats ne figure qu'une seule femme. La discrimination est manifeste. Que fait la Halde? Mary Lou Williams, Sophia Domancich n'auraient elles pas de descendantes?

Ce concours a commencé le samedi 16 octobre 2010 par deux épreuves de sélection. Chaque pianiste devait jouer dans l'ordre de son choix, un standard en solo, une composition personnelle en trio avec Jean Philippe Morel (contrebasse) et Thomas Grimmonprez (batterie) en 12mn maximum. Les candidats ont de 18 à 32 ans. Voici mes premières impressions sur les quelques candidats que j'ai pu écouter.

Tuomas Antero Tunune (Finlande). En solo, il est un peu froid sur un standard. En trio, sur son morceau " Kompaktus " il dégage un swing aérien, léger, irrésistible. Un vrai bonheur. A la pause, Martial m'apprend que c'est le meilleur qu'il ait entendu jusqu'ici. Ca tombe bien. Je suis arrivé juste pour lui vers 17h.

Ivo Neame (Royaume Uni de Grande Bretagne et d'Irlande du Nord). en trio, ça swingue bien mais plus lourd, plus marqué que le Finlandais. En solo, il est cristallin, aérien, m'emmène dans son monde, un univers parallèle et familier. " I remember You ".

Grégory Privat (France).  Jo Privat jouait le piano du pauvre, l'accordéon. Grégory Privat joue l'accordéon du riche, le piano. En trio il joue sa " Ritournelle ". En solo, " Humpty Dumpty " de Chick Corea. En trio, il a de l'élan et de l'allure. C'est léger et puissant à la fois, frais, clair. Une bien belle ritournelle. Ca tourne mais pas en rond. Contrairement aux autres, il a l'intelligence de laisser la place à ses accompagnateurs. Solo véloce de contrebasse. Ca tombe comme une cascade en montagne au printemps. Un air revient en ritournelle. C'est un délice. L'air me reste en tête mais pas comme une chansonnette de supermarquette. Solo sur du Chick Corea. Vu ses passements de mains, sa technique, ce garçon doit avoir un sérieux bagage de piano classique. C'est bien mais moins convaincant qu'en trio.

Xavier Thollard (France). " Run " en trio. " Jive at Five " de  Count Basie en solo. La course est souple, tranquille. Plutôt un marathon qu'un sprint. C'est froid comme le nickel. En solo, ce garçon est prodigieux. A lui tout seul, il rend Count Basie froid et indansable. Il transforme par couches successives Count Basie en  Keith Jarrett. C'est beau, c'est impressionnant mais ça perd de vue l'esprit de l'original.

Kristjan Randalu (Estonie). Joue d'abord en trio puis " Milestones " de Miles Davis en solo. Sa composition est une ballade. Voilà un garçon romantique. C'est le printemps sur le rivage de la Baltique. Un peu froid comme printemps tout de même. En solo, ce n'est pas Milestones et il a un débit de mitraillette.

Alberto Gaspar Sanz Garcia (Espagne).En trio il joue " La Senorita ". En solo " Sophisticated Lady " de Duke Ellington. En trio, le swing est léger, souple, fin, sensuel comme une belle demoiselle. Ca chante, vibre, ondule. C'est chaud, c'est bon. Le batteur passe des balais aux baguettes. En solo, il amène délicatement le thème du Duke. Il est fidèle, sensuel, personnel. Pour moi, c'est le meilleur candidat jusqu'ici. Constant au plus haut niveau. En hommage à TS Monk , il a joué avec un bonnet sur la tête qu'il enlève pour saluer le public.

La sélection des candidats continue ce samedi 16 au soir et demain dimanche 17 au Conservatoire à rayonnement régional de Paris, 14 rue de Madrid, Paris 8e. Entrée libre. Pour la suite et la fin du concours, voyez les détails ici.

Quant à moi, je serai ce samedi soir à 21h au Sunside pour le duo Laurent de Wilde (piano)/Eric Le Lann (trompette) en hommage au pianiste Bill Evans mort en 1980.


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