Faites le plein, vite

La couleur, le petit Nicolas 1er l'avait annoncé dès le début de son règne. "Travailler plus pour..."
... se faire mieux entuber ? ... permettre aux nantis de ramasser encore plus de pognon ?
Pas besoin d'être une lumière pour savoir aujourd'hui que ce système est absurde, totalement inégalitaire et certainement pas dans l'intérêt des classes moyennes.
Dans une certaine mesure, je préfère tirer au flanc en travaillant moins pour être plus (mais ça, ça fait longtemps que je le revendique).

On en est maintenant au travailler plus longtemps.
Pour sauver les retraites ! Ce n'est que le motif officiel. La possession et l'accès aux biens de consommation ont été les moteurs du travailler plus, plus question de carotte aujourd'hui, on passe au baton ! Travaillez plus longtemps sans ça, Pfuitt... plus de régime des retraites !
... des menaces ?

La vraie dynamique de ces voyous qui nous gouvernent, qu'ils soient politiques, de gauche ou de droite, industriels, financiers, rentiers, ou autres, est de défendre une société du "vivre pour travailler" là où la nature humaine est tout au contraire en droit d'exiger d'eux le "travailler pour vivre".
Qui en tire profit ? Certainement pas nous, les pauvres petits gus qui donnont notre blanc seing à ces bandits par la voie des urnes ou par la consommation individuelle. Les bénéficiaires de cette société à la Sarkozy (le pauvre petit, il ne peut même pas en revendiquer la paternité) sont à rechercher ailleurs. L'industrie du luxe, ce n'est qu'un exemple (et un raccourci carricatural, je vous l'accorde (quoique)), tire une croissance record cette année... certainement pas grâce à moi, je n'ai pas les moyens d'être un de leurs clients ! (et de toute façon, même si j'en avais les moyens... je ne serais pas de leurs clients ;-/

Le financement des retraites ? Ce n'est certainement pas en allongeant le durée du travail que l'on va pouvoir résoudre le problème. Tout au plus décalera t'on le problème de quelques années. Un salarié sur deux ne trouve déjà plus de travail passé 55 ans ! Au lieu de finir sa carrière en fin de droits, il la finira au RSA (*). Allonger la durée de travail est juste un moyen (temporaire) d'équilibrer un peu plus le porte monnaie des caisses de retraites en économisant quelques années de reversement des primes. Une manière de permettre à l'UMP, dans deux ans, de se présenter devant les urnes avec l'image de ceux qui auront réussi à réduire le déficit des retraites (tant que personne ne leur balancera les budgets du social ou de l'ASSEDIC à la tronche). Un mieux reculer pour....

Si Nicolas et ses sbires avaient réellement souhaité résoudre le problème, ils auraient commencé par chercher l'argent manquant là où se trouve la fuite ! Les bénéfices de la finances. Les automates, les robots, les machines qui produisent de la richesse sans obligation de contribution à la cagnotte sociale, les importations de biens dont la production a été délocalisée etc etc... au lieu de celà, la Sarkozie a commencé par supprimer la taxe professionnelle (**) ! Taxer la richesse ? intouchable... tabou...

Sauver le principe de retraite par répartition ? Bizarre cette appellation.
J'aurais naïvement cru que répartition pouvait venir du verbe répartir... Certes, le système répartit un minimum retraite entre presque tous. Mais s'il s'agissait réellement de répartition, ne devrait on pas plutôt répartir la globalité de la cagnotte entre tous (au lieu de reproduire, passé 60ans ou plus, la même dualité pauvres-nantis, ce qui est plus un principe de capitalisation qu'autre chose) ? La question du financement se poserait alors en d'autres termes...

Un ami m'a posé hier soir (au traditionnel apéro du vendredi soir dans les lieux où l'on cause) la question de savoir ce que je pensais du mouvement auquel on assiste actuellement. Et je dois avouer que je suis très dubitatif. Ce mouvement n'exprime pour l'instant que des revendications individuelles et corporatistes. Le seul lien que l'on puisse y voir est l'expression floue d'un raz le bol du système actuel, de ses inégalités scandaleuses, la revendication du droit à consommer et à perpétuer l'accès aux richesses, et une envie sourde de mettre à terre la Sarkozie en faisant plier le gouvernement face à son projet de sauvegarde des retraites des avantages de certains. Je suis cependant très étonné d'entendre certains journalistes faire un parrallèle avec mai 68. Je ne vois pas, dans le mouvement actuel, de solidarité réelle ni de fondement de projet de société ! On n'en est pas loin (***), mais il faudrait pour celà que le système s'écroule complètement afin que, du haut de ses ruines, on puisse prendre le recul et le temps nécessaires à en mesurer l'abération.

Alors, à défaut de vraie solidarité, faisons vite le plein de nos réservoirs et de nos bidons d'essence. Plus vite les stocks seront vides, plus vite le système sera bloqué... afin qu'arrive le temps de la contemplation et de la réflexion (voire le temps tout court !).

(*) J'ai entendu, dans le cortège de mardi dernier, les revendications de plus jeunes qui argumentaient l'idée que l'allongement de la durée de travail retarderait leur entrée sur le marché de l'emploi. Difficile de discuter dans une manif, mais hormis le fait que l'argument soit faux à 50%, j'avais envie de répondre aux jeunes d'être jeunes d'abord, de cesser de considérer le travail comme l'objectif ultime de leur vie et de revendiquer ce droit à être jeunes ! Ou va t'on si les jeunes commencent à se comporter comme des vieux !

(**) Transférer un paquet de compétences, sociales notemment, aux collectivités régionales et locales sans le transfert des finances nécessaires à la prise en charge de ces compétences. Puis supprimer la taxe professionnelle, un des gros leviers du financement des mêmes collectivités, afin de mieux pouvoir dénoncer publiquement leurs augmentations de charges (normal si elles doivent intégrer la masse salariale dont se défausse l'état), puis leur 'incompétence' et les augmentations compensatoires d'impots locaux que les collectivités sont obligées de réaliser pour faire face au désengagement étatique. Quand un grand nombre de ces collectivités sont à gauche, ça s'appelle plutôt de la manoeuvre politicienne de la clique Sarkoziste qu'autre chose !

(***) Ce que les jeunes ont commencé à faire avec raison en revendiquant leur libre arbitre et en crachant à la figure des tentatives de récupération de personnalités syndicales ou de gauche. Le pas suivant est de se dire que ce n'est pas seulement la Sarkozie mais la globalité de ce système qu'il faut combattre. Soyez jeunes et imaginatifs avant tout !

Donges sous le soleil

... on vit une époque formidable,
là ça commence à devenir intéressant...