Plus de quatre mois après les élections législatives du 13 juin, la Belgique n’est encore nulle part dans sa tentative de constituer un gouvernement fédéral. La situation est au point mort après la rupture des négociations décidée unilatéralement, il y a deux semaines, par le leader des nationalistes flamands, Bart De Wever. Au pays, personne n’en s’en étonne - j’oserais même dire que tout le monde s’en fout - car ce scénario de blocages à répétitions fait partie des traditions, sauf que cette fois, la situation paraît désespérée.
Le fossé semble infranchissable entre les conceptions des nordistes et des sudistes sur la forme que devra prendre le futur paysage institutionnel de ce pays si compliqué. Le fameux compromis à la belge, un vieux machin alambiqué, qui s’est avéré n’être qu’un emplâtre sur une jambe de bois aux effets pervers, n’est plus qu’un lointain souvenir tant la classe politique s’est radicalisée de part et d’autre de la « ligne Maginot » imposée par la Flandre.
Médiocrité et absence de culture politique
Une des causes majeures de cette guerre de tranchées qui risque de durer encore longtemps n’est autre que l’affligeante médiocrité de la classe politique dans un pays miné par la particratie et sans véritable chef d’Etat. Je l’ai souvent dit et je ne peux que le répéter avec force. J’ajouterai qu’il n’y a pas de culture politique populaire en Belgique susceptible de faire bouger les choses car les Belges sont plutôt moutons dans le domaine. Le mode électoral à la proportionnelle ne favorise pas non plus la transparence puisqu’il impose de facto des coalitions abracadabrantes pas toujours comprises ni admises par les électeurs.
Bart De Wever, l’homme providentiel ?
La Belgique a besoin d’une vraie révolution pour renaître sous une autre forme ou, à défaut, disparaître en tant que telle, mais sans une classe politique responsable et digne, rien n’est possible.
Au milieu de tous ces nains, Bart De Wever pourrait devenir l’homme providentiel s’il cassait définitivement le moule de la Belgique fédérale telle qu’on la connaît. Celle-ci a montré ses limites mais la gauche francophone s’y accroche désespérément parce qu’elle y trouve un intérêt certain. Il forcerait ainsi les sudistes à se remettre en question et à prendre, une fois pour toutes, leurs responsabilités financières et socio-économiques.
La suite, c’est pour lundi
Bart De Wever, chargé d’une mission de « clarification » par le Roy, remettra son devoir ce lundi après avoir soumis ses conclusions et ultimes propositions aux belligérants.
On en saura donc plus dans quelques jours…