J’ai lu Quitter le monde de Douglas Kennedy, et je ne reviens plus sur terre, ce roman me hante car je n’ai qu’une envie, en voir l’adaptation au cinéma, même si je m’en suis déjà fait tout un film !
Douglas Kennedy est le genre d’auteur qui revient irrésistiblement sur le chevet de nos pérégrinations littéraires. Il y a toujours chez lui, un sens du beau, un goût certain pour les destins brisés et les âmes fortes, un chic narratif à la Hitchcock, et un talent de conteur indubitable dans ce dernier roman, qui est de loin son meilleur.
On peut quitter le monde, mais pas son destin !
Quitter le monde est un roman noir, où Douglas Kennedy se révèle fin psychologue, et se fait philosophe. Il s’interroge sur le bonheur, sur sa naissance et sa régénération. Boris Cyrulnik aimera sûrement le livre. Sa théorie de la résilience y est magnifiquement illustrée.
Jane Howard est au centre de cette épopée humaine. Elle a treize ans quand elle assène à ses parents, un soir d’hiver qu’elle ne se mariera jamais et n’aura jamais d’enfants. A partir de ce moment, sa vie bascule et rien ne se fera comme prévu. Jane est forte, mais la vie s’acharnera à la faire nager en eau trouble, et jouer avec sa capacité à revenir à la surface. Son destin se déroule en forme de spirales et l’aspire. Un destin, dont elle n’est certainement pas la maîtresse, mais l’actrice douée, et sensible. Au plus sombre de la vie, ne jamais oublier d’être l’acteur de son destin, tel est le message, certes très américain mais positif, que nous délivre Douglas Kennedy. Ses amants, ses amis, son travail, tout est prétexte aux retournements de situations, à la découverte des noirceurs humaines et des trahisons inhumaines. Jane est une Karen Blixen, une Emma de Jane Austen, une Jane Eyre, une Jane Campion, une Scarlett O’Hara de Margaret Mitchell, elle est toutes les Jane à la fois. Elle est puissante, redoutablement intelligente, réussit à quitter le monde pour renaître à elle-même, mais à quel prix ? Vous l'avez deviné, je ne dévoilerai rien de l'intrigue, à vous de vous y plonger.
Douglas Kennedy, l’homme qui sait murmurer à l’oreille des femmes
Douglas Kennedy est intellectuel, profond, très cultivé, et un vrai créateur d’univers. Il est humain, il est père, il a été marié, il est amoureux de musique classique et de cinéma. Cela ressort très puissamment dans ses livres. Il sait tout écrire, du thriller psychologique aux récits de voyage, en passant par les histoires d’amour tragiques. Il faut avoir parcouru son œuvre, toujours très soigneusement documentée pour le savoir, et ne pas l’associer aux Guillaume Musso, ou autres Marc Levy. Oui, je l’avoue La fille de papier m’a fatiguée ! Quant à écrire toujours le même roman, on finit par perdre son public, donc je n’achète plus de Levy ! Douglas Kennedy lui, sait se renouveler et c’est aussi pour ça que les français l’aiment. Je suis en train de lire Au-delà des pyramides, et je dois dire que ce récit de voyage démontre que D. Kennedy est un homme incroyable, sa description et sa vision subtile de l’Egypte des années 80 est un roman en soi ! Un voyage romancé.. Oui, on a tous en nous queque chose de Kennedy, "cette volonté de prolonger la nuit, ce désir fou de vivre une autre vie, ce rêve en nous avec ses mots à lui*"..
Extrait : « La banalité parvient toujours à se glisser dans tout ce que nous accomplissons, et ce malgré notre propension à nous trouver extraordinaire. Même quand nous sommes de ceux qui ont la chance d’avoir une vie hors du commun, la réalité la plus prosaïque finit toujours par nous rattraper » Douglas Kennedy, Quitter le monde.
Douglas Kennedy inspire le cinéma :
Il sera à l’honneur avec l’adaptation d’Eric Lartigau de L’homme qui voulait vivre sa vie au cinéma avec Romain Duris (ici reportage Culturebox) dans le premier rôle, sortie prévue le 3 novembre 2010. Un film très attendu par le public de Kennedy. Oui, un public, ses livres sont des films sans acteurs !
Mon Top 5 Douglas Kennedy : L'homme qui voulait vivre sa vie, Quittez le monde, La femme du Vème, La poursuite du bonheur, Les charmes discrets de la vie conjugale.
Crédit photos : madamefigaro.fr ; fnac.fr
* On a tous en nous quelques chose de Tennessee, de Johnny Halliday, paroles et musique de Michel Berger