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Mary Ann Doane: “Film and the Masquerade: Theorizing the Female Spectator” (via mappingthemoon)
Je vais tenter de traduire ce texte extrêmement intéressant :
“La femme qui porte des lunettes constitue un des plus intenses clichés visuels du cinéma. L’image est lourdement porteuse d’un condensé de motifs liés à la sexualité réprimée, à la connaissance, à la visibilité et à la façon de voir, à l’intellectualité, et au désir. La femme à lunettes signifie simultanément l’intellect et le désir ; mais le moment où elle retire ses lunettes (un moment, qui, semble-t-il, doit toujours être montré et qui est lié à une évidente charge sensuelle), elle est transformée en spectacle, très exactement l’image de l’objet du désir. Maintenant, il faut se rappeler que le cliché est un moment lourdement chargé de signification, un point significatif socialement. C’est caractérisé par un effet d’aise et de naturel. Pourtant, le cliché a une telle puissance qu’il indique un moment précis de danger idéologique ou de menace -dans ce cas, la femme s’approprie le regard. Les lunettes portées par une femme au cinéma ne signifient généralement pas une déficience visuelle mais une apparence active, ou même simplement le fait de voir au lieu d’être vue. La femme intellectuelle voit et analyse, et en subtilisant le regard, elle menace le système tout entier de sa représentation.”