Le Figaro fait très fort ce matin dans l'autopersuasion que tout va bien et que l'Elysée est en pleine confiance, sûr de lui. D'ailleurs, ils vont tellement loin les déconnectés du journal sarkolâtre, que je ne résiste pas au plaisir de les citer : "L'Élysée sent la victoire possible, mais n'ose encore y croire. Une excitation mesurée perce, au détour des phrases. Un optimisme encore voilé, tant le combat pour la mise en œuvre des retraites soulève à droite superstition et inquiétude".
Pas mal, non ? C'est sûr que pour le moins, l'optimiste est voilé, parce que la réalité perçue par les Français est évidemment toute autre. Toutes les raffineries sont à l'arrêt, du jamais vu depuis 1968, des milliers de lycéens sont dans les rues depuis 10 jours, dans des dizaines de villes, les employés municpaux ont voté la grève reconductible, les routiers ont annoncé qu'ils allaient s'y mettre, sans compter tous les mouvements qui se prolongent un peu partout dans le public comme dans le privé.
Il y a donc toutes les raisons pour que la droite soit inquiète, comme le laisse penser malgrè tout le Figaro. Et cela ne va pas s'arrêter, on n'arrête pas un train quand il est lancé. La preuve, aujourd'hui, 247 manifestations sont prévues dans toutes la France. Ce chiffre à lui seul en dit long, il est même en augmentation par rapport à la journée du 2 octobre, elle aussi un samedi, et qui avait déjà battu des records.
Je suis convaincu que tout ceci n'est qu'un début, que les Français ne lâcheront rien, parce que ce qui se joue ici, c'est bien plus que le combat contre la réforme des retraites. C'est le rejet d'un pouvoir populiste et méprisant qui ne connaît que la force et la répression comme outils de dialogue, c'est un profond sentiment d'injustice devant la crise que l'on fait payer aux victimes quand les coupables continuent à s'enrichir, c'est un désarroi immense et une inquiètude abyssale face à l'avenir, particulièrement chez les jeunes qui ont l'impression d'être sacrifiés.
Pour toutes ces raisons, et bien d'autres encore, car la colère qui s'exprime et s'exprimera encore dans les jours qui vont venir vient de loin et à de multiples sources, pour toutes ces raisons, donc,le mouvement ne pourra que s'amplifier. Que l'on ne s'y méprenne pas, l'histoire ne bégaie pas et ne se répète jamais. Les Français ne rejouent pas 1995 (les cheminots ne semblent pas prêts à jouer les fers de lance), 1968 (l'utopie et l'envie de changer le monde ne sont pas présents) ou encore moins 1936 (qui parle de lendemains qui chantent ?). Non, le peuple Français, rebelle et frondeur, le seul à avoir décapité un roi, est en train de nous jouer Octobre 2010, une date qui fera date. N'en doutons pas !