Comme je n’ai pas vu "Orgueil et préjugés", premier film du même réalisateur Joe Wright avec la même actrice Kneira Knighley, je débarque dans ce film d’époque tourné comme une histoire contemporaine…
Par un été de canicule de 1935 qui titille les sens, la famille Tallis mène une existence insouciante et ronronnante dans une belle demeure victorienne à la campagne. La cadette des filles, Briony, qui ressemble à une Françoise Sagan miniature, passe la plupart de son temps à écrire. Le jeune prodige vient juste de mettre un point final à sa première pièce de théâtre et a consigné ses trois cousins, que ça assomme, pour la déclamer. Pendant ce temps, la belle Cecilia, la sœur aînée de Briony, est occupée à nier son attirance pour Robbie, le fils de la gouvernante.
Le soudain envoi d’une lettre d’amour scabreuse de Robbie à Cecilia va faire l’effet d’une bombe dans l’esprit enfiévré de Briony : elle va alors provoquer un drame dont personne ne se remettra : confiée innocemment par Robbie à Briony, cette lettre lue en cachette va la persuader que Robbie est un maniaque sexuel… Ainsi, Briony assiste, épouvantée, à une étreinte passionnée entre sa Cecilia et Robbie dans la bibliothèque qu’elle interprète comme une agression contre sa soeur… Une impression confirmée quand, plus tard, elle croit sauver sa jeune et coquette cousine d’un viol…
Keira Knightley
© Studio Canal
Par un procédé narratif qui consiste à anticiper ce que voit Briony en observant de loin les rencontres entre Cecilia et Robbie, puis à revoir la scène en réalité avec les deux protagonistes (procédé vite érigé en système, si bien qu’on attend à la scène suivante qu'elle soit reproduite…), le réalisateur a voulu mettre le point sur le i : cette histoire est traitée du point de vue de Briony qui ne voit que ce qu'elle veut voir, vu de son âge et surtout à travers le prisme de son tempérament romanesque et de son imagination débordante. Le souci de style devient alors rapidement lourd, autre exemple : ce zapping permanent entre les scènes et les personnages, pour superposer les actions des protagonistes, ou encore cette pléthore de gros plans sur les visages. Car le dialogue est rare et on tend plutôt vers une juxtapostion de scènes, un enchaînement d’événements, une mosaïque de situations, qui parleront d’eux-mêmes.
Saoirse Ronan
© Studio Canal
Adapté du roman "Expiation" de Ian Mac Ewan, le film comporte trois périodes et trois actrices jouant Briony à de âges différents de la Briony adolescente (Saoirse Ronan, beaucoup de personnalité) à celle âgée devenue un écrivain reconnu (Vanessa Redgrave) en passant par la jeune fille (Romola Garaï vue récemment dans "Angel" de Ozon).
Déception compte tenu de la richesse du scénario, de l'aura du film (présenté en ouverture de la Mostra de Venise), je m’attendais à beaucoup mieux… La mise en scène, trop préoccupée à la fois d’un style moderne et d’une signature visuelle, le film manque cruellement de rythme et de fluidité, pourtant, la présence de KK, magnifique, à la fois froide et sensuelle, dans un rôle tellement différent d'un "Pirate des Caraïbes", vaut le détour…
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