300, où l’histoire héroïco-tragique d’une phalange de spartiates face à la horde perse, est une rare exception, une surprise trop peu coutumière. Mais une surprise de taille. Le réalisateur de Sin City s’est efforcé de restituer le mythe en procédant à l’extraction pathétique de l’essentiel : le courage mystique face à l’adversité, la béatification de la mort au combat, le don de soi au nom du principe supérieur : la liberté. Sans oublier l’éternel féminin, la femme de Leonidas, qui incarne à elle seule le principe actif, incorruptible et autoritaire.
Les séquences de combats, non sans un esthétisme baroque, insistent sur le caractère sanglant de cette tragédie via la picturalité des projections de sang. Les ralentis et accélérations animent les scènes martiales lesquelles évoquent une fresque en mouvement, ce que la rhétorique appelle ekphrasis.
Certains procédés cinématographiques prennent part à cette esthétique de l’adversité. Ici, les « travellings avant » montrent objectivement la volonté et l’esprit animal de survie; les « travellings arrière », le retour sur soi, la rumination intérieure.
Nulle consécration de la violence ici, mais une sacralisation virile de la vie.