Une création ex-nihilo est-elle possible ?
Pour ce qui concerne la toute jeune psychanalyse - à peine centenaire - le philosophe fièrement athée Michel Onfray ne le croit pas. En atteste cet essai qu’il dédie au Père de cette institution mystérieuse, et dont le titre, en guise de « smiley » à une œuvre de Nietzsche, donne le ton : Le crépuscule d’une idole.
L’affabulateur Freud n’a rien inventé, si ce n’est le terme « psychanalyse », et encore. Le concept d’ « inconscient » est tiré de ses lectures de Nietzsche et de Schopenhauer, parmi d’autres, dont il a dissimulée la portée, l’influence ; le fameux « complexe d’Œdipe », quant à lui, une reformulation égocentrée du mythe. En somme, à partir de son expérience particulière (et névrosée), Freud a tiré des conclusions : « le monde est à mon image, je prends mes rêves pour des réalités. »
Outre ce postulat majeur, relativement intéressant, l’essai se situe délibérément à la lisière d’une sensation de pamphlet : une partie conséquente de l’ouvrage s’apparente ipso facto à une attaque jalouse et caractérisée,nourrie de sous-entendus constants – servie par les points de suspension à quasiment chaque fin de paragraphe. En conséquence de quoi, il peut sembler que ce qu’Onfray reproche le plus à Freud, c’est d’avoir trahi la philosophie en érigeant son appréhension singulière du monde en doctrine scientifique. Donc, pour le monde positiviste athée, en vérité.
Or, Freud est-il le seul individu, philosophe ou non, à avoir affirmé une idée sans se référer à son démiurge supposé ?
Freud a réussi sa petite entreprise en conspuant ses maîtres philosophiques, en les piétinant, en tirant profit de leur travail. Freud les a dès lors dépassés en terme d’autorité car il n’a pas eu l’humilité de rester planté au niveau purement subjectif dans lequel tout philosophe, selon Michel Onfray, se doit de s’inscrire.
Or, Le philosophe qui pense, écrit, transmet, le fait-il pour évoquer sa petite vision personnelle du monde ou parce qu’il sait détenir La Vérité ?
Freud a crée la première religion athée du XXème siècle. Manifestement, Michel Onfray, l’auteur du Traité d’athéologie et l’instigateur de l’Université Populaire, veut détrôner le Père et se substituer à lui. Une nouvelle religion, un nouveau prophète.
On imite ce que l’on dénigre, finalement.