Arnaud Montebourg est actuellement aux Etats Unis pour puiser l'inspiration pour 2012. Il y "découvre" les fichiers politiques qu'il veut reproduire en France.
Un certain engouement entoure actuellement le dispositif VAN (Voter Activation Network) mis en place par l'équipe Obama pour "réveiller" l'électorat démocrate.
Il s'agit d'une technique apparue dès ... 2006 lors de l'élection du Gouverneur de Californie.
En novembre 2005 : le Gouverneur Schwarzenegger était donné battu de 6 points par son concurrent démocrate,
- Février 2006 : il passe à égalité avec son concurrent démocrate,
- Avril 2006 : le Gouverneur sortant passe en tête : + 4 points,
- Mai 2006 : avance portée à + 7 points,
- Juillet 2006 : avance portée à + 8 points,
- Septembre 2006 : l'avance passe à 10 points.
Il a gagné avec plus de 15 points d'avance.
Que cache ce retournement ?
Certes, des modifications majeures quant au fond de la politique mise en oeuvre :
- mesures contre la crise énergétique,
- mesures contre la crise climatique,
-financement de la recherche sur les cellules-souches,
- démarquage total et ostentatoires par raport à la politique mise en oeuvre par le Président Bush.
Mais il faut compter aussi avec la probable plus grosses base de données jamais mise en oeuvre pour une élection locale.
Cette base de données à deux originalités :
- la quantité de données serait sans précédent dans l'histoire politique des Etats-Unis,
- mais surtout, c'est une base de données commerciales donnant lieu à des traductions politiques.
A partir des habitudes d'achats, l'équipe du Gouverneur Schwarzenegger a établi une grille de lecture politique. Par exemple, un conducteur de camionnette possédant un permis de chasse et abonné à un magazine "chasse-pêche" est un conservateur potentiel alors que celui qui est un abonné du "New Yorker" faisant ses courses dans un magasin de produits naturels est supposé ,voter démocrate.
Cette logique est la première opération croisant deux données :
- une base brute de données privées à caractère commercial,
- le profilage politique en raison des caractéristiques de consommation.
Cette approche est le fruit d'un long travail conduit par une équipe importante sous la direction de Steve Schmidt, directeur de campagne, et Josh Ginsberg, directeur politique. Aux Etats-Unis, l'acquisition de ces données est parfaitement légale.
Ces données sont d'autant plus nombreuses que presque chaque segment de marché fiche ses clients : commerces de détail, compagnies aériennes, sociétés de crédit, magazines…
C'est la première fois qu'un maillage aussi étroit intervenait pour une campagne politique. Mais c'est aussi la première fois qu'une telle action individualisée peut intervenir. Chaque message s'adresse à la bonne cible pour lui parler de ses priorités quotidiennes.
Avec de tels moyens, un micro-ciblage sans précédent peut être opéré.
Les fruits ont porté. En douze mois, le score du Gouverneur Schwarzenegger est passé de - 5 à + 16 points d'avance face à son concurrent Démocrate .
Le parti démocrate reprend cette méthode qui n'est pas transposable en France à ce jour compte tenu des contraintes des fichiers commerciaux tant à la source que des limitations des routages politiques.
Arnaud Montebourg, à en croire le quotidien Libération, aurait ainsi découvert le sésame des votes.
Mais le dispositif français est considérablement plus compliqué dans la collecte des données mais encore davantage dans l'acceptation des envois en nombre par les récepteurs.
Si la faiblesse du nombre des militants politiques en France est si forte c'est aussi parce que la politique est systémtiquement tenue à l'écart des méthodes modernes de prospection ou de communication. Il est bon qu'Arnaud Montebourg ait à se rendre aux Etats Unis pour découvrir ce retard.