Face à des manifestations de grande ampleur dans 244 villes de France dont celle de plus de 300.000 personnes à Paris, et ce en milieu de semaine, c’est tout ce qu’a le Premier ministre de la France à déclarer ?
François Fillon fait terriblement penser à Alain Juppé en novembre-décembre 1995 qui, « droit dans ses bottes« , affronte une mobilisation – sans précédent depuis 1968 – contre son plan, le fameux « Plan Juppé » sur les retraites et la sécurité sociale. Sous la pression de la rue et face à la paralysie de plusieurs secteurs clé du pays, il doit battre en retraite sur les retraites en retirant son dispositif législatif.
L’histoire se répèterait-elle ? Les syndicats, la gauche et une majorité de Français l’espèrent. L’Elysée et le gouvernement qui, depuis le départ, misent désespérément sur un essouflement de la mobilisation – qui ne vient pas – et sur le manque de crédibilité des contre-propositions de l’opposition – qui au final ont su convaincre – redoutent de voir se rejouer le même scénario.
D’ailleurs, conscients que le mouvement s’amplifie, ministres, cadres de l’UMP et conseillers de l’Elysée jouent profil bas avec des formules telles que « on s’attend à une journée suivie », sous entendu : « ça ne nous impressionne pas et nous contrôlons la situation » mais souhaitant surtout éviter toute provocation susceptible de jeter de l’huile sur le brasier.
Idem pour l’ampleur de la mobilisation que les ténors de l’UMP admettent « plus importante », sans pour autant, bien sûr, la reconnaître « massive » ce qui est pourtant le cas.
Une chose est sûre : l’opinion a basculé. Les responsables du Parti socialiste, Martine Aubry et Ségolène Royal en tête, avertissent avec les syndicats du risque, désormais, de confrontation et de radicalisation de la contestation si le gouvernement continuait de camper sur une ligne dure.
Surtout quand 70 % de Français sont opposés à la réforme, et 61% soutiennent les grévistes et une mobilisation durable. Surtout quand c’est la base qui pousse la hiérarchie syndicale à continuer. Surtout quand privé et public se rejoignent dans la lutte, surtout quand les syndicats parlent d’une seule voix, à l’unisson avec les partis de gauche et la jeunesse.
Peut-être Nicolas Sarkozy commence-t-il à réaliser que quand il y a une grève en France, mieux vaut ne pas feindre de l’ignorer.
Lu sur « inventerre »
merci à Section du Parti socialiste de l'île de ré