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"Captifs"

Par Loulouti

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Depuis une dizaine d’années le cinéma français a créé une nouvelle catégorie : "le cinéma de genr". L’expression est à la fois commode mais demeure bien vague en réalité : on y range tout ce qui sort des sentiers battus.


Ce vaste landernau comprend tout ce que l’establishment hexagonal rejette avec dédain. La passion des cinéphiles, le bouche à oreille, une chronique enthousiaste ici ou là sortent parfois une œuvre de l’ornière mais la proportion de films qui n’ont pas fait ou qui ne feront jamais la une des magazines est démentielle. Et pourtant la France peut se targuer de compter dans ses rangs des scénaristes créatifs et des plasticiens hors pair.


Le cinéma de genre, puisqu’il faut absolument le labelliser ainsi, ressemble à un vaste laboratoire d’expérimentations diverses. Les déchets sont nombreux, bon nombre d’exemples récents sont là pour le démonter, mais parfois la montagne n’accouche pas d’une souris.


"Captifs" de Yann Gozlan appartient à la catégorie des très bonnes surprises de cet automne cinématographique. Sans être un long métrage incontournable, l’ensemble se distingue par bon nombre d’éléments qui sont à placer dans la colonne crédit.


Le sujet, un rapt de personnels humanitaires dans l’ex-Yougoslavie, qui débouche sur un trafic d’organes, n’est pas innovant dans l’absolu mais le film se tient de bout en bout sans faute majeure sur le fond et la forme.


Le scénario est précis et ne s’embarrasse pas de circonvolutions inutiles. En dix minutes nous basculons dans un univers de terreur, celui de l’incarcération. Yann Gozlan plante son décor avec une réelle efficacité en allant droit au but. Le défaut de certains films français est de se perdre en dialogues superflus et intrigues parallèles accessoires. Dans "Captifs" le spectateur sait très bien vite à quoi s’en tenir.


Le metteur en scène met en place un carcan étouffant. L’ambiance est plutôt prenante. Les geôliers, qui paraissent parfois un rien caricaturaux dans leur globalité, se dévoilent sous un jour bien ordinaire. Mais en quelques passages bien sentis, nous nous rendons compte aussi que ces monstres participent à un ignoble trafic en méprisant la vie de manière primaire.


Yann Gozlan nous plonge au cœur d’une horreur au quotidien car ces faits divers existent de nos jours.


Le seul bémol a cette construction pour le moins bien agencée est la séquence d’introduction qui opère un retour sur le passé du personnage de Carole (Zoé Félix). Le moment tombe quelque peu à plat et a du mal à s’insérer dans le rendu final. Le film demeure perfectible.


La mise en scène prend appui sur une ossature scénaristique fluide. Les différents temps du film s’enchaînent sans difficulté. Même si le propos reste linéaire et sans surprise majeure, nous passons de la résignation à l’espoir, du dégoût à la colère sans difficulté. Yann Gozlan a su prendre son sujet à bras le corps.


"Captifs" est plutôt agréable à regarder sur le plan visuel. La photographie et soignée et l’esthétique de l’œuvre fait alterner passages clairs et obscurs.


Zoé Félix est à l’aise dans une interprétation à contre emploi. Elle donne de la crédibilité à son personnage de médecin, dont le but est de préserver la vie, qui finit par tuer pour survivre. Eric Savin, qui j’avais particulièrement apprécié dans "Fair Play" s’en tire avec les honneurs. Seule la présence d’Arié Elmaleh déguise plus qu’elle ne sert le film.


"Captifs" mérite le détour malgré quelques imperfections. Le film Yann Gozlan n’est pas un film de genre de plus mais bien au contraire un essai transformé.


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