The Age of Adz, c’est autre chose. Et c’est aussi un peu la même chose en dépit des notes d’intention, de son apparence novatrice et si résolument "moderne". C’est un disque fascinant, c’est sûr. Fascinant tant il se présente décomplexé, peu soucieux du bon goût, de la mode, de la mesure ou de la dignité. Hideux, sublime, grotesque. Hugolien dans sa démesure. Un truc aussi beau (parfois) qu’il peut être laid (souvent). Exactement, là, dans cette définition où se niche le kitsch. Délire d’ingé-son, le nouveau Sufjan Stevens empile les couches sonores en toute impunité, multiplie les overdubs, sample, bricole, triture, échantillonne, noie les chansons et les mélodies dans des expérimentations sonores, des collages artificiels espérant en remontrer à la concurrence. Quitte même à utiliser un incongru vocoder, à se prendre dans une bouffée délirante pour un Daft Punk symphonique. Mais à quoi bon ? Comment vous dire ? Les productions ouvragés des pires albums de Queen, même le dernier étron de Muse, à côté, c’est du Steve Albini… Et là, on comprend que ce qu’on aimait chez Sufjan Stevens, c’était plutôt son versant folk, pas son maniérisme pompier qui déborde ici de chaque sillon de ce vinyl que je ne songerais même pas à voler…
Allez, Sufjan, offre-toi un quatre pistes sur un vide grenier, enferme-toi dans ta cabane en bois, enregistre un nouveau
chef-d'œuvre et on n'en parle plus, ok ?