Une œuvre de Piero della Francesca. A Monterchi, Italie.
Je pense d’abord à Maryline Desbiolles, auteur d’un petit livre, Manger avec Piero. Une façon de remarquer l’œuvre d’art dans la vie quotidienne, de « l’encorporer ».
Et il y a ce texte de Michaël Glück, découvert à l’occasion d’une soirée à la Librairie La lucarne des écrivains à Paris.
La Madone enceinte, pour laquelle les femmes du village se sont mobilisées en 1944, corps de femme, de mère, peut-être évoquant la propre mère du peintre né ici même… Poètes, peintres, musiques sont cités ici mais cela ne suffit pas, ne suffit jamais pour dire l’émotion éprouvée devant un tableau, une sculpture, une œuvre d’art. Car celle-ci nous relie non seulement aux siècles passés, mais arrive dans notre propre vie. Et cette Madonna del Parto, peinte vers 1460, met en scène un corps de femme, debout, enceinte, dont le vêtement se fend comme s’ouvrent les rideaux du baldaquin écartés par les anges.
Le petit livre de Michaël Glück agit comme un révélateur par sa modestie : «Devant la fresque, ce que je sais s’effondre, ce que j’ignore ne me fait pas défaut.» Ainsi commence le dernier chapitre.Au centre de la toile est l’enfant, pas encore visible, puisque c’est le ventre qu’on devine sous la robe. Au centre de la toile est la femme. « Je ne comprends pas, je suis pris, l’émotion est la même non dans ma tête, sans doute avec elle pourtant, mais dans mon ventre. »